David Rachline, sénateur-maire de Fréjus (Var) de 28 ans et déjà militant FN de longue date, a été désigné samedi directeur de la campagne présidentielle de Marine Le Pen, avec pour mission de « huiler » la machine frontiste.
« C’est un homme qui symbolise la jeunesse, le travail, le mérite, la fidélité et il faut bien le dire, le succès », a résumé Marine Le Pen sur France Bleu Provence.
M. Rachline, regard malicieux et calvitie naissante, a un talent et un goût de la joute politique que ne renieraient pas nombre de ses collègues sénateurs. Car cet homme réputé fêtard (cela lui est reproché jusqu’en interne) est déjà depuis de longues années en politique.
Conseiller municipal de sa ville à 20 ans, conseiller régional de Provence-Alpes-Côtes-d’Azur depuis 2010, il a aussi été patron du Front national de la jeunesse et membre de l’équipe de campagne de Marine Le Pen pour la présidentielle 2012.
Il connaît une double consécration en 2014 en devenant en mars maire de Fréjus puis en se faisant élire en septembre sénateur du Var, avec pour seul collègue frontiste Stéphane Ravier dans les Bouches-du-Rhône.
M. Rachline s’est engagé au FN à 15 ans, séduit par le discours de Jean-Marie Le Pen.
« Lepéniste intégral », c’est-à-dire partisan aussi bien de Jean-Marie que de Marine, M. Rachline a depuis l’exclusion de Jean-Marie Le Pen progressivement mais sûrement pris le net parti de la fille.
« Il a beaucoup surjoué dans la rupture avec Jean-Marie. Jusque-là, il était très +lepenolâtre+ », tacle un frontiste de sa génération.
Fréjus, le plus gros exécutif administré par le FN, est une rare « principauté » au sein de ce que certains s’amusent à appeler la « Marionnie », le domaine réservé frontiste de Marion Maréchal-Le Pen en Paca.
Depuis l’élection de M. Rachline, les scores du FN y progressent, avec plus de 50% dès le premier tour aux départementales et aux régionales.
Si Marine Le Pen a choisi M. Rachline, l’un de ses protégés, c’est peut-être que celui-ci est devenu maître ès langue de bois frontiste, capable de décliner à l’envi la ligne du parti auprès des journalistes.
Mais il pourrait aussi « huiler » la campagne, selon un de ses proches, alors que les dissensions couvent toujours entre partisans de Florian Philippot et de Marion Maréchal-Le Pen. Selon un dirigeant, il est l’un des rares en interne à être « bien avec tout le monde ».
Un communicant rodé
« David Rachline pourrait aussi passer, avec sa rondeur apparente et sa communication rodée, pour l’archétype de la « dédiabolisation » voulue par la présidente du FN.
Mais celui dont le père, décédé, était juif, a pourtant été membre jusqu’en 2009 d' »Egalité et Réconciliation » (E&R), mouvement fondé par Alain Soral, l’essayiste d’extrême droite pourfendeur des « sionistes » qui a été condamné ces dernières années pour antisémitisme, injures à caractère racial ou apologie de crimes contre l’humanité.
M. Rachline répond à l’AFP avoir quitté E&R « quand ils ont quitté le FN », soit en 2009, et assure qu’à l’époque M. Soral n’était pas sur cette ligne radicale.
Au FN, David Rachline a longtemps été catalogué comme appartenant aux « nationalistes-révolutionnaires » du parti, un courant plus anti-sionisme qu’anti-islam.
« Je m’en fous », avait-il par exemple dit selon un proche pendant la campagne municipale quant à l’épineuse thématique de la mosquée de sa ville, ouverte sans permis de construire valable.
Mais il a gommé cela ces dernières années. Cet été, il a pris un arrêté « anti-burkini », qu’il a maintenu malgré une décision du Conseil d’Etat jugeant ce type de décisions attentatoire aux libertés. L’arrêté a finalement été retoqué par le tribunal administratif de Toulon.
« Une reprise en main idéologique », accuse son opposante PS locale, Elsa di Meo.
L’ancien responsable de la communication numérique du FN est aussi « ami » avec les prestataires de service du FN menés par Frédéric Chatillon, ami de Marine Le Pen et patron de la société Riwal, qui a salarié M. Rachline pendant la campagne des législatives 2012.
M. Chatillon est menacé de procès dans l’enquête sur les campagnes électorales 2012 du FN.
Le Quotidien / AFP