Le gouvernement est au complet lundi pour le Conseil des ministres après l’annonce, dans un timing insolite dimanche soir, du remaniement qui fait la part belle aux fidèles d’Emmanuel Macron, ses conseillers Sibeth Ndiaye et Cédric O, ainsi que la députée Amélie de Montchalin.
Nouvelle porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaya, 39 ans, va d’entrée connaître sa première épreuve du feu devant les journalistes avec le compte rendu de ce conseil des ministres avancé qui a débuté à 10h. « Je m’apprête aujourd’hui à franchir une marche. Cette marche, je n’ignore pas qu’elle est haute », a souligné l’ex-conseillère presse de Macron lors de sa passation de pouvoirs avec Benjamin Griveaux lundi matin, confiant le « doute » qui l’avait « submergée » dimanche soir avant d’accepter le ministère.
« Cette marche, je la franchis avec la fierté de servir la France, ce pays que je me suis choisi parce qu’avant même d’être Française, j’ai compté parmi les engagés de ce pays », a ajouté la ministre, née au Sénégal et réputée pour son franc-parler. « La France m’a beaucoup donné, aujourd’hui c’est à mon tour de le lui rendre », a-t-elle conclu. Benjamin Griveaux, qui a quitté le gouvernement pour se lancer à la conquête de Paris, a souhaité « belle route » à celle devenue « une messagère qui se lève tôt et qui se couche tard, parfois très tôt et souvent très tard ».
Des choix « consanguins », tacle l’opposition
Autre promue, Amélie de Montchalin, 33 ans, l’une des porte-voix les plus virulentes de la Macronie à l’Assemblée, est récompensée par le poste de secrétaire d’État aux Affaires européennes, remplaçant Nathalie Loiseau désormais tête de liste LREM aux européennes. Enfin Cédric O, conseiller de l’ombre du chef de l’État pour le numérique et ex-trésorier de sa campagne, devient à 36 ans secrétaire d’État au Numérique, le poste auparavant occupé par Mounir Mahjoubi, qui lui aussi brigue la mairie de Paris.
Le casting de ce remaniement « est le choix de la reconnaissance du travail accompli », a expliqué un conseiller de l’exécutif. Mais l’opposition a immédiatement critiqué des choix « consanguins » de fidèles de la Macronie, y voyant la preuve que le chef de l’État était isolé et n’avait d’autre choix que de puiser dans son carré de fidèles. « C’est rare que des présidents de la République aillent chercher chez les infidèles », a répliqué lundi sur Public Sénat la ministre de la cohésion des territoires Jacqueline Gourault.
Emmanuel Macron « fait confiance à ses collaborateurs », a abondé sur France Inter le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin. Lui ne croit pas à la thèse de « l’isolement » et loue au contraire le « courage » du chef de l’État qui « reste calme dans la tempête ». « Ce remaniement est un remaniement technique qui met l’église au milieu du village », a-t-il ajouté.
« Un signal terrible » envoyé
Le choix de Sibeth Ndiaye est celui qui suscite le plus de controverses. « Les donneurs de leçons macroniens, autoproclamés pourfendeurs de #FakeNews, viennent donc de nommer comme porte-parole du gouvernement une menteuse professionnelle : ça doit être ça le en même temps », a attaqué Jordan Bardella (RN). « Je me souviens de sa déclaration qui disait qu’elle assume mentir pour protéger le président de la République (…) elle est plutôt bien adaptée à la fonction qu’on lui demande, je pense qu’elle trouvera toute sa place dans ce gouvernement », a ironisé la tête de liste de la France insoumise Manon Aubry.
Autre cible de Manon Aubry, la juppéiste Amélie de Montchalin, « celle dont le plus grand fait d’armes est la suppression de l’ISF », ce qui constitue « un signal terrible envoyé à la mobilisation sociale » des gilets jaunes. Il s’agit de la première expérience gouvernementale pour chacun des trois entrants, trois trentenaires dont deux n’ont jamais été élus. Cette nomination, « je la vis comme une immense aventure, comme un immense défi », s’est réjouie Amélie de Montchalin. « Il faut beaucoup de pugnacité et beaucoup d’énergie pour travailler sur les dossiers européens », à commencer par celui du Brexit.
Au total, dix membres du gouvernement ont quitté leurs fonctions depuis le début du quinquennat, une concentration de départs inédite en début de mandat.
LQ/AFP