La France a engagé lundi son porte-avions Charles de Gaulle dans les opérations de la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI), à qui le nouveau chef du Pentagone a promis une « défaite irréversible ».
Le Charles de Gaulle est parti le 13 janvier de Toulon pour une mission d’environ cinq mois. (Photo : AFP)
Sept semaines après les attentats de Paris, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a réaffirmé la détermination de la France à combattre « l’armée terroriste » de l’EI en Irak et à « arrêter la barbarie que celle-ci commet ». « Cette menace, le terrorisme jihadiste, voudrait atteindre nos ressortissants, nos intérêts, nos valeurs. En réponse, la France sera d’une fermeté totale », a-t-il dit à bord du Charles de Gaulle qui croise dans le nord du Golfe.
Une première vague de chasseurs, quatre Rafale et quatre Super Etendard modernisés est rentrée à bon port, sans avoir largué de bombes, après cinq à six heures de mission. « Il n’y a pas eu d’engagement. L’objectif de cette première journée, c’était de rentrer dans l’opération, de se familiariser avec le théâtre, les procédures », a expliqué le contre-amiral Eric Chaperon qui commande le groupe aéronaval du Charles de Gaulle.
Les appareils ont rejoint leurs objectifs en une heure et demie de vol environ, soit deux fois moins que depuis la base émiratie d’Al-Dhafra, utilisée par la France. Le Charles de Gaulle, parti le 13 janvier de Toulon (sud de la France) pour une mission d’environ cinq mois, sera engagé pendant huit semaines dans le Golfe, au côté du porte-avions USS Carl Vinson, dans le cadre de la coalition dirigée par Washington.
Cette mobilisation internationale est « en train de repousser » l’EI, a affirmé Ashton Carter, le nouveau secrétaire américain à la Défense qui a effectué lundi sa première visite dans la région. « Et nous allons lui infliger, sans doute, une défaite irréversible », a-t-il assuré sur une base américaine dans le désert koweïtien. M. Carter a discuté des prochaines étapes de l’opération avec des généraux, des ambassadeurs et des responsables de services de renseignement américains. « L’EI n’est pas seulement une menace pour l’Irak et la Syrie mais pour toute la région », a-t-il insisté.
> 1 601 morts dans les frappes en Syrie
Avec douze Rafale et neuf Super Étendard modernisés embarqués, le Charles de Gaulle renforce nettement le dispositif français dans la région, qui comptait jusqu’à présent neuf Rafale aux Emirats et six Mirage 2000D en Jordanie. Depuis la mi-septembre 2014, les avions de chasse français ont effectué une centaine de missions de reconnaissance et autant de missions de frappes en Irak, en appui des forces irakiennes et des peshmergas kurdes qui combattent l’EI sur le terrain, indique-t-on dans l’entourage du ministre.La France est ainsi, avec l’Australie, l’un des principaux contributeurs militaires de la coalition de 32 pays partenaires contre l’EI, loin toutefois derrière les Etats-Unis qui réalisent le gros des opérations. La coalition a mené depuis août 2014 plus de 2 000 frappes en Irak et en Syrie.
Pour la seule Syrie, ces frappes ont tué 1 601 personnes depuis cinq mois, dont 1 465 membres de l’EI et 73 de la branche syrienne d’Al-Qaïda, le Front Al-Nosra, auxquels s’ajoutent 62 civils, a indiqué lundi l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. Les chasseurs français interviennent côté irakien uniquement, Paris estimant qu’un engagement en Syrie pourrait renforcer le régime de Bachar al-Assad face aux rebelles et aux islamistes.
> Endiguer la dynamique de conquête territoriale de (l’EI)
La campagne de bombardements vise à ralentir l’EI dans sa course, en détruisant dépôts de munitions, véhicules et puits de pétrole, force de frappe financière du groupe jihadiste. « L’appui aérien aux opérations défensives et offensives de nos alliés irakien et kurde a permis d’endiguer la dynamique de conquête territoriale de (l’EI) et de stabiliser les lignes de front. C’était notre premier objectif et nous l’avons atteint », a estimé M. Le Drian.
Parallèlement, les pays de la coalition, qui excluent l’envoi de combattants au sol, ont engagé des missions de conseil et d’entraînement auprès de l’armée irakienne afin de l’aider à se reconstituer après sa débandade de l’été dernier. L’état-major américain espère ainsi que les forces irakiennes seront en mesure de lancer une offensive terrestre sur la ville stratégique de Mossoul (nord) en avril-mai, avant le ramadan et les grandes chaleurs de l’été.
Le Charles de Gaulle, véritable base aérienne flottante, est accompagné d’un sous-marin nucléaire d’attaque, d’une frégate de défense anti-aérienne (Chevalier Paul) et d’une autre anti sous-marine (le bâtiment britannique Kent), ainsi que d’un pétrolier ravitailleur, soit quelque 2 700 marins embarqués, dont 2 000 pour le seul porte-avions. Au total, quelque 3 500 soldats français sont engagés dans l’opération française Chammal en Irak, soit autant que dans l’opération Barkhane en Afrique, autre théâtre majeur sur le front antijihadiste. Le Charles de Gaulle poursuivra ensuite sa route vers l’Inde, pays où se rendra mardi M. Le Drian pour y promouvoir la vente de 126 Rafale.
AFP