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France : l’affaire visant sa femme Penelope plombe le candidat Fillon


François Fillon sur le plateau du journal de TF1 à Boulogne-Billancourt le 26 janvier 2017. (Photo : AFP)

L’affaire Penelope Fillon, visée par une enquête sur des accusations d’emplois fictifs, plombe la candidature à la présidentielle de son mari et suscite des interrogations sur un éventuel renoncement de l’ancien Premier ministre, à trois mois du premier tour.

Pressé de questions par la presse, son ex-rival Alain Juppé a exclu vendredi «clairement et définitivement» d’être un recours dans l’éventualité d’un retrait de celui qui l’a battu à la primaire fin novembre.

«Nous n’en sommes pas là, François Fillon a apporté des éléments qui sont convaincants, je suis persuadé qu’il pourra poursuivre sa campagne», a déclaré le maire LR de Bordeaux, tout en reconnaissant que cette affaire était pour le moins embarrassante: «c’est évidemment préoccupant, je ne peux pas dire le contraire». «C’est catastrophique, c’est catastrophique, il n’y a pas de plan B, c’est catastrophique», se désespérait jeudi un collaborateur de l’équipe Fillon.

François Fillon, qui mise sur l’enquête judiciaire pour faire «taire les calomnies», a démenti jeudi soir que sa femme ait bénéficié d’emplois fictifs aussi bien comme collaboratrice parlementaire que comme salariée de la Revue des Deux Mondes, propriété d’un de ses amis Marc Ladreit de Lacharrière. Elle a «corrigé mes discours», «reçu d’innombrables personnes qui voulaient me voir et que je ne pouvais pas voir», «m’a représenté dans des manifestations et des associations» et fait «la synthèse de la presse», a-t-il énuméré. Elle «me faisait remonter les demandes des gens, les évolutions de notre société», a-t-il aussi expliqué.

Interrogé sur ce qui pourrait le faire renoncer à l’Élysée, François Fillon a répondu: «la seule chose qui m’empêcherait d’être candidat, c’est si mon honneur était atteint, si j’étais mis en examen», a-t-il précisé, comme il l’a «toujours dit». Pour qu’il soit «mis en examen», il faudrait d’abord qu’un juge d’instruction soit saisi et qu’il mène à son tour des investigations mettant au jour des «indices graves et concordants» sur la commission d’un délit.

La séquence «rassemblement», dimanche, gâchée

Mais, ce processus prend du temps et peut être ralenti par la période électorale: il est d’usage que la justice n’interfère pas dans le champ politique, en évitant de prononcer des mises en examen à l’approche d’élections. Reste que cette affaire est un coup de massue pour le candidat Fillon, dont la campagne a très vite patiné après sa victoire écrasante -et surprise- à la primaire de la droite, en novembre.

Il a dû faire face aux nombreuses critiques de son camp, lui reprochant de pas mettre assez d’«espoir» dans son programme «radical». «Au sein des Républicains, il y a beaucoup de gens qui veulent que sa campagne patine…», décrypte un député centriste en soulignant que les attaques viennent notamment du camp Sarkozy. Nathalie Kosciusko-Morizet, qui vient d’hériter de la circonscription parisienne -en or pour la droite- de François Fillon, s’est retrouvée bien seule vendredi pour affirmer que le candidat s’était expliqué à la télévision «avec force» et «solidité» pour lever les soupçons.

En coulisses, ça grince fortement. «Ca commence par un gros +boom+ pour quelqu’un dont les équipes ne sont pas structurées pour cela», commente un député LR. La stupeur face aux révélations du Canard enchaîné -personne n’a jamais été au courant d’une quelconque activité d’une Penelope Fillon se présentant elle-même comme «pas impliquée» dans les activités de son mari- a ainsi cédé le pas à une véritable inquiétude. Après la remise de documents par son avocat au parquet financier jeudi, des auditions se déroulaient vendredi. L’ex-directeur de La Revue des Deux Mondes Michel Crépu a ainsi été entendu à l’Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) à Nanterre.

Alors que François Fillon avait prévu de relancer sa campagne dimanche lors d’un grand meeting à Paris, l’affaire tombe au plus mal. «Ca devait être la séquence rassemblement, +je vais voir Juppé à Bordeaux+ et grand meeting avec tout le monde» le jour pile du second tour de la primaire du PS, se désole un député LR. Et cette affaire devenue «Penelopegate» continue de déchaîner indignations ou bons mots sur les réseaux sociaux, comme Bernard Pivot, qui propose un nouveau verbe «Peneloper». Sa définition ? «Travailler dans une totale discrétion»…

Le Quotidien/AFP

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