Le tribunal de Paris a interdit temporairement vendredi à Greenpeace France de s’approcher à moins de 250 mètres des convois de « transport et d’acheminement de matières ou de déchets nucléaires ou radioactifs », de deux filiales d’Orano, ex-Areva.
Cette interdiction s’applique à tous les membres de l’ONG et personnes placées sous son autorité et court jusqu’au 25 septembre, date de fin du débat public sur la gestion des matières radioactives, sur « l’ensemble du territoire français métropolitain », précise l’ordonnance de référé du tribunal. L’injonction est assortie d’une astreinte de 1 500 euros par personne qui perturberait ou entraverait « de quelque façon que ce soit le transport et l’acheminement » des convois de TN International et Lemaréchal Célestin, les filiales de logistique et de transport d’Orano. L’ONG a annoncé dans la foulée vouloir faire appel.
« Il est invraisemblable de vouloir bâillonner de la sorte Greenpeace France ses militant-e-s et ses salarié-e-s qui ont agi en toute non-violence pour dénoncer le manque de transparence sur les convois radioactifs qui circulent en permanence dans des lieux publics », a réagit, dans un communiqué, Jean-François Julliard, directeur général de l’association, dénonçant une attaque à leurs « libertés d’expression, de manifestation ».
L’ONG déjà condamnée à une amende de 2 000 euros
Le 4 juillet, Orano avait assigné en référé – une procédure judiciaire d’urgence – Greenpeace France à la suite de deux actions ayant visé en juin un train et un camion transportant des matières radioactives, appartenant aux filiales du groupe de production d’énergie nucléaire. Actions pour lesquelles l’ONG est condamnée à une amende 2 000 euros. « Le juge a constaté la menace que Greenpeace fait peser sur nos transports. Ces actions à répétition non seulement portent préjudice à Orano mais elles peuvent aussi impacter la sécurité des transports des matières nucléaires » a déclaré Orano à l’AFP, ajoutant que l’intention n’était pas « d’empêcher qui que ce soit de manifester ». « Ces convois ont des exigences de sécurité très strictes, ils ne peuvent pas être perturbés ou bloqués », avait défendu Renaud Le Gunehec, avocat d’Orano, lundi lors de l’examen du dossier au tribunal de Paris. « Greenpeace est habituée des actions coup de poing, illégales et assumées, voire dangereuses », avait-il ajouté pour justifier cette mesure de « protection ».
Il identifie une « stratégie de menace permanente » sur les réseaux sociaux, de la part de Greenpeace sur tous les convois de transports de matières radioactives. L’Autorité de Sûreté Nucléraire (ASN) recense 19 000 convois radioactifs par an, gérés en France par plusieurs groupes dont Orano.
LQ/AFP