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France : Gérard Collomb « obligé de faire » un tri parmi les migrants


"On est obligé de le faire parce qu'à un moment donné, nous ne pourrons pas donner un avenir à tout le monde", a expliqué le ministre de l'Intérieur. (illustration AFP)

Le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a estimé dimanche qu’il était « obligé de faire » un tri parmi les migrants, entre réfugiés politiques et migrants économiques, et que la France ne pouvait continuer à les accueillir « de manière exponentielle ».

« Je ne me donne pas de chiffre (sur le nombre d’étrangers à expulser, NDLR). Mais je ne peux pas faire en sorte que d’année en année, on ait une augmentation de manière exponentielle. L’année dernière, on a eu 100 000 demandes d’asile, c’était +7% par rapport à l’année précédente qui elle-même était en augmentation de +23% par rapport à l’année précédente », a déclaré Gérard Collomb à Questions politiques sur FranceInter/Francetvinfo/Le Monde.

« Depuis 2012, le dispositif d’asile a été multiplié par deux (…) Les centres d’hébergement d’urgence ont été multipliés par deux. (…) On ne peut augmenter cela de manière infinie », a-t-il insisté, soulignant les coûts de ces dispositifs, de deux milliards d’euros chacun. « On ne peut faire de manière exponentielle un accueil vis-à-vis de tout le monde, comme un certain nombre de gens le voudraient. Ils disent : on n’a pas besoin de faire un tri, on ne doit pas choisir entre ceux qui ont besoin de l’asile et les migrants économiques. Si ! On est obligé de le faire parce qu’à un moment donné, nous ne pourrons pas donner un avenir à tout le monde », a-t-il ajouté.

« Sur le mois de janvier de cette année, par rapport à janvier de l’année dernière, on a éloigné +29% de personnes », a annoncé le ministre, tout en assurant respecter le principe d’accueil inconditionnel. « L’inconditionnalité, c’est vrai. Mais l’inconditionnalité, c’est dans le moment, ce n’est pas quelque chose qui doit durer pendant dix ans. On doit prendre un certain nombre de mesures pour sortir du provisoire et donner un avenir », a-t-il expliqué, alors qu’un projet de loi asile et immigration doit être discuté en mars en commission.

Éviter une « extrémisation des esprits »

Prenant l’exemple de l’Allemagne, le ministre a souligné la nécessité de « faire respecter la loi » face à la menace d’une « extrémisation des esprits ». « Quel est le problème de l’Allemagne ? Vous avez 92 députés d’extrême droite. Donc si vous ne réglez pas un certain nombre de problématiques en faisant respecter la loi, en étant accueillant d’une part mais en expulsant ceux qui n’ont pas droit à être accueillis, vous avez un mouvement qui conduit à l’extrémisation des esprits. »

Évoquant une circulaire controversée prévoyant un recensement des migrants dans les centres d’hébergement d’urgence, le ministre a souligné que, outre « des réfugiés qui mériteraient de sortir de ces centres » et des « déboutés du droit d’asile (…) qui auraient dû être éloignés », « il y a aussi beaucoup de gens qui sont dans le +ni-ni+ parce qu’on n’a pas fait ce qu’il fallait dans les années passées et on a stocké des gens qui ne sont ni acceptés ici et qu’on ne peut pas éloigner non plus ».

Présenté le 21 février en conseil des ministres, le projet de loi asile et immigration prévoit notamment un doublement à 90 jours de la durée maximale de rétention (voire 135 dans certains cas) pour les étrangers en attente de leur reconduite et une réduction des délais d’appel pour les déboutés de l’asile.

Le Quotidien/AFP