Accueil | Actualités | France : fin du pic de pollution, mais des effets durables sur la santé

France : fin du pic de pollution, mais des effets durables sur la santé


Depuis dix jours, la tour Eiffel est nimbée d'un persistant nuage bleuté. (photo AFP)

Yeux qui piquent, gorge qui gratte: les Français ont subi ces derniers jours les effets d’un pic de pollution « exceptionnel » à Paris et dans plusieurs régions, symptomatique d’une mauvaise qualité de l’air néfaste pour la santé.

Depuis dix jours, la tour Eiffel est nimbée d’un persistant nuage bleuté. A l’origine de cette brume toxique, les émissions issues du chauffage et du trafic routier, conjuguées à une absence de vent et des températures qui créent un couvercle d’air chaud et maintiennent les particules près du sol.

« Hier (jeudi), j’avais du mal à respirer », confie Ibrahim, un agent de sécurité de 36 ans, affecté à la surveillance d’un grand magasin en plein coeur de Paris. Souffrant d’un asthme léger, son travail en extérieur dans l’atmosphère polluée de la capitale a entraîné de la « fatigue et des sifflements » respiratoires, dit-il.

Outre la région parisienne, la plus touchée par cette pollution hivernale, la vallée du Rhône, très industrialisée, la Normandie (ouest), le nord de la France, et les zones urbaines des Alpes ou des Pyrénées ont également été affectées.

À Paris, le seuil d’alerte des 80 microgrammes de particules/m3 a été franchi à plusieurs reprises depuis le 1er décembre, conduisant les autorités à imposer une circulation alternée des véhicules. La même mesure a été adoptée en fin de semaine à Lyon, dans le centre-est de la France. Sans grand succès: par manque de civisme ou de mode de transport alternatif, de nombreux automobilistes sont passés outre les consignes, quitte à payer des amendes, notamment en région parisienne.

Accalmie espérée ce week-end

Si Delhi, le Caire ou Pékin sont coutumières du phénomène – avec des niveaux de concentration de particules parfois trois fois supérieurs – Paris n’avait pas connu d’épisode de pollution hivernale aussi prolongé depuis au moins dix ans.

Une accalmie est espérée ce week-end, selon l’agence de surveillance de la qualité de l’air AirParif, qui reste cependant prudente pour la semaine prochaine. « Les émissions de particules baissent généralement le week-end, avec le trafic, et le vent devrait se lever et disperser une part de la pollution », a expliqué Amélie Fritz, pour Airparif.

Les concentrations de particules devraient redescendre entre 30 et 50 microgrammes/m3, « mais la vigilance reste de mise pour la semaine prochaine », en fonction de l’évolution des conditions météorologiques, a-t-elle ajouté.

Les particules fines peuvent générer cancers, asthme, allergies, maladies respiratoires ou cardio-vasculaires. Le dioxyde d’azote, que rejettent surtout les moteurs diesel, favorise, lui, l’asthme, voire les affections pulmonaires chez l’enfant.

Le Quotidien / AFP

Pollution 365 jours par an

Ces pics de pollution très médiatisés ne doivent pas masquer le problème plus fondamental de la mauvaise qualité de l’air dans les zones urbaines, ont souligné les experts. « La pollution de l’air a un impact sur la santé 365 jours sur 365, tout en sachant que plus il y a de pollution, plus son impact est important », souligne le médecin Sylvia Medina, responsable du programme de surveillance air et santé à l’agence Santé publique France.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, les niveaux de pollution atmosphérique en milieu urbain ont augmenté de 8% entre 2008 et 2013 dans le monde. Et la pollution de l’air est responsable de 48.000 décès prématurés en France et 400.000 dans l’Union européenne.

« Pour se protéger, il faut agir sur toutes les sources de pollution (chauffage, trafic routier, pollutions agricoles et industrielles) au niveau réglementaire, communautaire et individuel », estime le docteur Medina.

Les responsables politiques se sont saisis du débat, avec des propositions tous azimuts pour tenter d’enrayer le phénomène: vignettes de couleur pour identifier les véhicules les plus polluants aux incitations, modernisation des transports en commun ou bonus pour encourager l’achat de voitures électriques.