« Sachez que ce soir, en ce qui me concerne, je me sens Charlie Coulibaly », ajoutait-il, associant le slogan de soutien au journal satirique, « Je suis Charlie », au nom d’Amédy Coulibaly, le preneur d’otages qui a notamment tué quatre juifs dans un supermarché casher. Le message avait été retiré, mais trois jours plus tard, après une convocation restée sans réponse, Dieudonné était placé en garde à vue, à l’issue de laquelle le parquet décidait de le convoquer devant le tribunal correctionnel de Paris.
Déjà condamné à de multiples reprises et visé par une série de procédures judiciaires, le polémiste « a le sentiment qu’on le traite comme un terroriste et c’est pour ça qu’il a accolé les deux noms », avait alors déclaré Me Sanjay Mirabeau, un de ses avocats. Après les attentats, Christiane Taubira avait donné instruction au parquet de faire preuve de « réactivité » et « fermeté » envers les auteurs d' »apologie du terrorisme » ou de « propos et agissements racistes ou antisémites ».
> De nombreuses affaires
Et de fait, les affaires ont été nombreuses, 486 au total (chiffres de la chancellerie au 29 janvier) liées aux attentats: atteintes aux personnes ou aux biens, droit de la presse ou apologie et provocation. Pour cette dernière catégorie, 257 affaires ont été enregistrées dont 161 non liées à d’autres infractions (alcool, drogue, outrage, délits routiers…). Sur ces 161 infractions « pures », il y a eu 41 comparutions immédiates et 18 peines de prison ferme.
Certaines voix se sont inquiétées d’une possible dérive dictée par l’émotion, comme la semaine dernière avec l’audition par la police à Nice d’un enfant de huit ans qui avait refusé de participer à une minute de silence à l’école primaire. Le délit d’apologie du terrorisme peut être puni d’une peine allant jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende. Elle peut être portée à sept ans et 100 000 euros si les faits ont été commis en utilisant un service de communication au public en ligne.
Dieudonné connaît de multiples démêlés avec la justice. Déjà condamné neuf fois en une dizaine d’années pour incitation à la haine, il sera d’ailleurs également jugé mardi à Paris pour avoir qualifié dans une vidéo fin août 2013 Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, de « Mussolini moitié trisomique ». La semaine dernière, le parquet a requis une lourde amende de 30 000 euros contre lui pour des propos jugés antisémites qui avaient débouché fin 2013 – début 2014 sur l’interdiction de plusieurs représentations de son spectacle « Le mur ».
AFP
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