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Des centaines de tombes profanées au cimetière juif de Sarre-Union (Vidéo)


Plusieurs centaines de tombes ont été profanées au cimetière juif de Sarre-Union, dans le Bas-Rhin, a annoncé dimanche le ministre de l’Intérieur qui a promis une nouvelle fois de lutter avec détermination contre l’antisémitisme.

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Selon les premiers éléments de l’enquête 300 tombes auraient été profanées dans ce cimetière qui en compte en tout environ 400. (Photo : AFP)

Dimanche soir, dans une nuit noire, le seul accès goudronné au cimetière, isolé des habitations par un pont enjambant une voie de chemin de fer, était bloqué par des gendarmes. Des techniciens en identification criminelle, venus de Strasbourg, s’affairaient avec des projecteurs et lampes de poche. Selon une source proche de l’enquête, la gendarmerie a été prévenue dimanche peu avant 17H00 de la profanation de ce cimetière juif qui compte environ 400 tombes.

« Les constatations de police scientifique sont en cours. Autour de 300 tombes auraient été profanées » selon les premiers éléments de l’enquête, a précisé cette source. Il s’agit de « dégradations » et « aucune inscription n’a été constatée ». Le préfet du Bas-Rhin et le procureur de la République de Saverne se sont rendus sur place en début de soirée, ainsi que le grand rabbin de Strasbourg, René Gutman, et Philippe Richert, le président de la région Alsace.

« C’est une image de désolation », a décrit M. Richert. « De nombreuses stèles sont à terre, des dalles horizontales ont même été soulevées ». Il a évoqué un « acharnement », « quelque chose d’organisé » car « on ne renverse pas comme ça de lourdes stèles en grès du 19e siècle aussi facilement. Il y avait une volonté de détruire », a-t-il estimé. Marc Séné, le maire de Sarre-Union, a fait part de la « consternation » dans sa commune rurale de quelque 3.000 habitants.

> Forte hausse des actes antisémites

« La République ne tolérera pas cette nouvelle blessure qui meurtrit les valeurs que tous les Français ont en partage », a déclaré Bernard Cazeneuve dans un communiqué, condamnant « avec la plus grande fermeté » cet « acte odieux ». Un peu plus d’un mois après les attentats parisiens qui ont tué quatre Juifs dans un supermarché casher, le ministre de l’Intérieur venait de se rendre dimanche à Copenhague pour rendre hommage aux victimes d’une double fusillade contre un centre culturel où avait lieu un débat sur la liberté d’expression et contre une synagogue.

« Tout sera mis en oeuvre dans les meilleurs délais pour que les auteurs de cet acte odieux et barbare soient identifiés et punis », a promis le président François Hollande dans un communiqué. « La France est déterminée à lutter sans relâche contre l’antisémitisme et ceux qui veulent porter atteinte aux valeurs de la République », a insisté l’Elysée. Le Premier ministre Manuel Valls a dénoncé sur Twitter « un acte ignoble et antisémite, une insulte à la mémoire ».

Le grand rabbin de France Haïm Korsia a condamné « un antisémitisme toujours plus virulent, qui s’en prend aux morts comme aux vivants ». « J’en ai marre de tous ces actes antisémites, sous leurs différentes formes, qu’on a vus le 9 janvier à Paris, hier à Copenhague et aujourd’hui en Alsace, cette haine qui s’exprime démontre qu’on a complètement raté l’éducation de nos jeunes », a dit le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Roger Cukierman, interrogé par l’AFP.

« Nous protégeons tous les lieux de culte, toutes les institutions, nous le faisons en très étroite liaison avec la communauté juive », a rappelé M. Cazeneuve sur TF1, ajoutant que « la haine, la division, le racisme n’ont pas leur place en France ». Ce n’est pas la première fois que le cimetière juif de Sarre-Union fait l’objet de profanations. En 1988, une soixantaine de stèles juives avaient été renversées, et en 2001, 54 tombes avaient été saccagées.

Le nombre d’actes antisémites a doublé en France en 2014 par rapport à l’année précédente, avec une hausse des violences plus marquée encore que celle des injures. Selon le Service de protection de la communauté juive (SPCJ), organisme communautaire travaillant en lien avec le ministère de l’Intérieur, 851 actes antisémites (actions et menaces) ont été recensés l’an dernier, contre 423 en 2013, soit une hausse de 101%, atteignant un plus haut depuis 2004 (974 actes).

AFP