Anthony Moris devrait retrouver demain sa place de n°1, celle qui lui était promise en début de campagne pour le Mondial-2018.
Trois matches seulement disputés dans les dernières éliminatoires, alors qu’il devait prendre possession du poste. Satanés croisés. Sept mois et demi plus tard, le revoilà.
Après les déclarations de Luc Holtz au lendemain de Luxembourg – Bulgarie, qui indiquait qu’il allait tourner pour de bon la page Jonathan Joubert, vous deviez vous douter que vous vous retrouveriez de nouveau dans la peau du n° 1, non?
Anthony Moris : Je n’avais aucune idée de ce qu’il allait faire ni de comment il allait le faire. On m’avait parlé de ses déclarations, mais il peut toujours y avoir un décalage entre ce qu’un entraîneur dit et ce qu’un entraîneur fait.
C’est un retour à la case départ pour vous?
Oui et non. J’ai quand même eu le temps d’accumuler un petit peu de temps de jeu avant la blessure (NDLR : face à la Suède, au Belarus et un peu contre la France). C’est de l’expérience. Et j’ai beaucoup travaillé pour revenir afin de prouver que j’avais récupéré mon niveau d’avant. Reste à retrouver les sensations.
Pas trop morose d’avoir raté tous ces mois de compétition?
J’étais déjà revenu une fois de très loin. Alors une deuxième… C’est comme ça : ça arrive. J’ai calculé hier (NDLR : lundi) que j’avais raté 20 mois de compétition sur les 37 derniers, entre mes blessures et les erreurs administratives au Standard. Plus de la moitié loin des terrains en trois ans! Faire le point, ça aide à relativiser et surtout à prendre du plaisir sur le terrain. Sentir l’herbe sous ses pieds, ça n’a pas de prix.
Où en seriez-vous, aujourd’hui, si votre genou droit n’avait pas craqué contre les Bleus?
À l’époque, en Belgique, j’étais deuxième au classement des clean sheets (NDLR : les matches sans encaisser de but). Je pense que j’aurais continué sur ma lancée. Dieu en a décidé autrement.
La seule réserve que Luc Holtz ait jamais exprimée à votre endroit est la façon dont vous vous étiez soigné lors de votre première blessure. Cela lui semblait douteux. Comment avez-vous travaillé cette fois?
La première fois, j’étais jeune et impatient. J’ai beaucoup trop accéléré ma rééducation (lire ci-dessous). Mais là, je fais tout pour lui montrer sur et hors du terrain qu’il a eu raison de me faire revenir. Le mois dernier (NDLR : pour les matches contre la Suède et la Bulgarie), j’aurais pu refuser de revenir en tant que n° 2, mais je n’oublie pas tout ce que la FLF a fait pour moi.
Vous avez songé à adopter la même posture que Joubert?
J’ai compris son choix de ne pas être n° 2, de ne plus venir. Mais il y a un mois, je n’étais pas aussi bien et disons que ces dix jours ont servi au sélectionneur pour se faire une idée de mon état de forme.
Mais le grand retour, c’est pour maintenant!
Quand je suis parti pour le rassemblement, ma femme m’a dit « on va enfin se souvenir que tu es footballeur professionnel ». Elle a raison, jeudi, je le serai de nouveau. J’aurais pu l’être plus tôt avec Malines si une nouvelle erreur administrative ne m’avait pas empêché de jouer ce fameux match de Coupe (NDLR : le club avait oublié de l’assurer et il n’a pas pu jouer le match du 20 septembre dernier contre Bocholt).
Vous ne vous êtes pas senti professionnel au centre de rééducation à Anvers, dans lequel vous avez atterri?
Si. Je me suis retrouvé à côtoyer des garçons comme Fellaini, Carrasco, Mirallas, Thorgan Hazard… qui venaient préparer des échéances internationales. Mais je suis surtout devenu ami avec l’attaquant de Genk Nikolaos Karelis et le défenseur de Wolfsburg Jeffrey Bruma, avec qui j’ai regardé Pays-Bas – Luxembourg (NDLR : le 9 juin). Il se souvenait très bien de notre champ de patates du match aller. Il me disait qu’il avait rarement vu ça, c’était comique.
On imagine que vous pensiez à l’époque plus à Malines qu’aux Roud Léiwen. Votre avis sur votre situation du moment, mais aussi sur celle de votre club, lanterne rouge de D1?
Je ne veux pas rester n° 2. Si je m’en contente, alors je n’ai qu’à donner mes gants à une association et aller travailler comme tout le monde. J’ai 27 ans. J’ai commencé à 17 et j’espère bien terminer à 37. J’ai encore dix belles années devant moi. Quant à l’équipe, j’ai confiance. Le changement de coach va faire du bien.
Avez-vous plus la pression après les prestations exceptionnelles de Joubert en fin de campagne?
Absolument pas. Parce que je l’ai toujours trouvé très performant.
Le Luxembourg se prépare à une année 2018 où il tentera de jouer au football contre des petites nations. Ce sera un autre boulot pour un gardien?
Il nous faut surtout plus de constance dans les contenus. Faire un pas en avant en faisant 0-0 en France et en faire trois en arrière en prenant 8-0 en Suède, ça ne sert à rien. À Malte, en mars, il faudra gagner. Et le boulot, pour un gardien, sera beaucoup dans la concentration. Avec peut-être un ou deux arrêts par match. Il faut maintenir tout le monde éveillé, y compris toi-même…
Julien Mollereau
Luxembourg-Hongrie, jeudi à 20h au stade Josy Barthel