Trente-trois personnes contraintes de passer toute la nuit dans les cabines d’un téléphérique vertigineux du massif du Mont-Blanc, bloqué depuis jeudi après-midi à cause d’un croisement de câbles, ont enfin pris le chemin de la descente vendredi matin.
Le dernier des câbles emmêlés à l’origine de la panne a pu être décroisé peu avant 8h, permettant aux derniers « naufragés du vide », tous sains et saufs, de retrouver la terre ferme sans être hélitreuillés. Seul un homme âgé, en hypothermie, a besoin d’un « soutien médical », a indiqué l’exploitant de la remontée mécanique Mathieu Dechavanne.
« C’était terrible. Mon frère est resté là haut avec mes parents, vêtus seulement d’un sweat-shirt », a raconté Maria Elena Perrone, 18 ans, la soeur d’un enfant de douze ans, avant d’éclater en sanglots en le retrouvant en bonne forme. Cette Italienne de Courmayeur avait emprunté une autre cabine et a pu être secourue dès jeudi soir.
« Pendant deux heures et demie, on ne savait pas ce qui se passait et la cabine bougeait beaucoup quand ils essayaient de démêler les câbles. Au coucher du soleil, le froid est arrivé », a-t-elle ajouté. Selon le représentant de l’Etat dans la région Haute-Savoie, Georges-François Leclerc, les 33 rescapés ont été répartis par tiers sur « trois points de sortie ».
Un premier groupe était acheminé « vers une gare intermédiaire » à partir duquel ils seront ramenés par hélicoptère à Chamonix, dans les Alpes françaises. Un autre a été dirigé côté italien sur la gare de la Pointe d’Helbronner et le dernier tiers a été dirigé sur la gare de l’Aiguille du Midi, côté français. Vers 9h, les équipes de secours ont effectué « une visite de la ligne du téléphérique en hélicoptère pour s’assurer qu’il n’y a plus personne dans les cabines », a précisé Mathieu Dechavanne.
400 m au-dessus du sol
Ces passagers ont passé une nuit vertigineuse dans les cabines du « Panoramic Mont-Blanc », long de 5 km, qui relie l’Aiguille du Midi (3.842 mètres), dans les Alpes françaises, à la Pointe Helbronner (3.462 mètres), côté italien. A certains endroits, certaines cabines étaient suspendues jusqu’à 400 m au-dessus du sol. « On a été en contact avec eux toute la nuit, les gens ont eu froid mais nous n’avons pas de détresse vitale », avait déclaré le commandant du PGHM, Stéphane Bozon, à la reprise des opérations de secours avant 7h.
Soixante-dix-sept autres personnes, qui étaient elles aussi coincées dans les télécabines, avaient pu être évacuées jeudi soir et dans la nuit: 48 hélitreuillées et une trentaine, situées dans des cabines plus proches du sol, descendues en rappel par les secours, français et italiens.
Mais l’intervention des hélicoptères français et italiens, qualifiée de « très complexe » jeudi soir par les autorités françaises, avait été interrompue par la nuit et des conditions météorologiques difficiles. Cinq secouristes, trois gendarmes français et deux Italiens, avaient alors été acheminés auprès d’une partie des naufragés pour leur venir en aide. Un gendarme avait notamment été déposé dans la cabine abritant l’enfant de 12 ans. Les touristes bloqués disposaient aussi de couvertures de survie, de barres énergétiques et de bouteilles d’eau, placées en permanence dans les cabines.
Deux grappes de trois télécabines (de quatre places) n’avaient cependant pu être rejointes par les secouristes. C’est un croisement de câbles intervenu « pour des raisons inexpliquées », mais sans doute dû à une rafale de vent, qui a bloqué ce téléphérique construit dans les années 1950, avait indiqué Mathieu Dechavanne jeudi soir.
En décembre 2011 à Tignes, dans les Alpes françaises, une quarantaine de personnes avaient été bloquées pendant près de sept heures dans un téléphérique tombé en panne. Elles avaient été évacuées par les secouristes à l’aide de cordes par une trappe située dans le plancher des cabines, qui se trouvaient à une quarantaine de mètres du sol.
Le Quotidien / AFP