À trois jours de l’élection du président de la Fifa vendredi, l’un des cinq candidats, le prince Ali, a demandé le report du vote, pas assez transparent à ses yeux, et a saisi le Tribunal arbitral du sport (TAS), qui se prononcera jeudi matin au plus tard.
Ces derniers jours, cet outsider, dont les chances pour l’élection de Zurich paraissent infimes, a fait de la mise en place d’isoloirs transparents son cheval de bataille procédural.
Le prince Ali a saisi le TAS mardi, via ses avocats parisiens Mes Szpiner et Semerdjian, après le refus de la Fifa de faire installer ces isoloirs transparents, comme il l’avait demandé dans un premier recours.
Les avocats du prince jordanien demandent au TAS, la plus haute juridiction sportive, de prendre une « mesure provisionnelle d’urgence » en reportant l’élection, afin d’avoir le temps de statuer sur le fond concernant l’installation des fameux isoloirs.
« La décision sur cette demande de mesure provisionnelle sera prise jeudi matin au plus tard », veille de l’élection, a indiqué le TAS dans un communiqué mardi à la mi-journée, quelques heures après l’annonce du dépôt de ce recours par le camp Ali.
Téléphone mobile
« Seul un isoloir transparent permettrait de prouver (…) qu’il n’y pas de vote forcé, en empêchant les votants de photographier leur bulletin pour prouver qu’ils auraient suivi une éventuelle consigne de vote », avait expliqué dès samedi Me Semerdjian pour expliquer le dépôt de la première demande devant le TAS.
Or, la « Fifa s’est opposée à (la) demande de procédure accélérée » sur cette question, « afin (qu’elle) ne puisse être tranchée » avant l’élection, ont estimé les avocats mardi dans un communiqué.
D’où leur décision de saisir une deuxième fois le TAS, cette fois-ci pour demander carrément le report du scrutin.
Interrogée sur la demande de mise en place d’isoloirs transparents, une porte-parole de la Fifa avait déclaré samedi : « Les votants pourront avoir avec eux leur téléphone mobile dans la salle du congrès mais devront le laisser au moment où ils iront voter. »
« Cette attitude est incompréhensible, sauf à vouloir s’obstiner à ne pas garantir la transparence des opérations de vote et la sincérité du scrutin », ont répliqué mardi les avocats du prince Ali, alors que la Fifa est embourbée depuis neuf mois dans un vaste scandale de corruption et se trouve dans le collimateur des justices américaine et suisse.
Lors de la précédente élection, en mai, le prince Ali avait poussé Blatter à un second tour en recueillant 73 voix au 1er (contre 133 pour le Suisse), avant de se retirer. Depuis, Blatter a dû renoncer à son poste à cause du scandale qui ébranle la Fifa, ce qui a rendu nécessaire l’élection de vendredi.
Deux poids lourds
Cette fois-ci, contrairement à mai, les chances du prince jordanien paraissent infimes face aux deux grands favoris, le cheikh bahreïni Salman (président de la Confédération asiatique) et l’Italo-Suisse Gianni Infantino (secrétaire général de l’UEFA).
Salman est appuyé par l’Asie et l’Afrique, Infantino par l’Europe et l’Amérique du Sud, ainsi qu’une partie de l’Amérique du Nord (l’Union centre-américaine, regroupant sept fédérations). Les autres fédérations d’Amérique du Nord et l’Océanie n’ont pas officialisé de consigne de vote.
C’est pourquoi l’activisme procédural du prince Ali à quelques jours du scrutin ressemble à un baroud d’honneur, d’autant qu’il coïncide avec celui d’un autre « petit » candidat, Jérôme Champagne.
Le Français a dénoncé lundi devant la commission électorale de la Fifa le trop grand nombre « d’observateurs » de l’UEFA et de l’AFC accrédités pour le congrès. Il soupçonne ces invités d’agir en tant que lobbyistes afin de faire campagne jusqu’à la dernière seconde pour Infantino et Salman.
Deux poids lourds face auxquels le dernier des cinq candidats, l’homme d’affaires sud-africain Tokyo Sexwale, semble lui aussi promis à faire de la figuration, comme Ali et Champagne.
Quel que soit le futur président de la Fifa, il aura bientôt de la lecture: une biographie autorisée de Blatter, signée par un ancien porte-parole, sortira en mars en allemand, avant une version anglaise prévue en juin.
Le Quotidien / AFP