La doyenne du parc nucléaire français, dans le viseur de l’Allemagne et de la Suisse, sera bien fermée en 2016, a affirmé dimanche sur RTL la ministre du Logement Emmanuelle Cosse.
Elle est «trop vieille» et «devrait être fermée le plus vite possible» avait déclaré un peu plus tôt dans la semaine la ministre allemande de l’Environnement à propos de la centrale de Fessenheim. La doyenne du parc nucléaire français sera bien fermée en 2016, a répondu ce dimanche la ministre du Logement Emmanuelle Cosse, lors d’un entretien au «Grand Jury» RTL-Le Figaro-LCI.
«Le plus judicieux est de fermer cette centrale cette année», a estimé Emmanuelle Cosse. «C’est la plus ancienne et elle est située sur la nappe phréatique la plus importante d’Europe. Si demain il y a un incident, cela ne concerne pas seulement la France mais l’ensemble des pays frontaliers. Et elle connaît des pannes à répétition, quasiment chaque semaine», a-t-elle rappellé.
«Le calendrier (de la fermeture de Fessenheim), c’est celui que m’a répété à plusieurs reprises le président de la République, c’est 2016», a déclaré la ministre. «Le président de la République s’est engagé à fermer Fessenheim d’ici la fin 2016. C’est ça, la date», a insisté Emmanuelle Cosse. «Le processus est assez simple pour arrêter un réacteur», a ajouté l’ancienne cheffe de file d’Europe Écologie-Les Verts (EELV). «Pour aboutir à la baisse de la part du nucléaire» dans la production française d’électricité «d’ici 2025, il faudra fermer d’autres centrales, d’autres réacteurs, évidemment, sur plusieurs années», a-t-elle ajouté.
La ministre de l’Environnement et de l’Énergie, Ségolène Royal, avait demandé en octobre à EDF d’entamer la procédure de fermeture de Fessenheim d’ici à «la fin juin 2016», en vue d’une fermeture effective en 2018. Car «pour fermer deux réacteurs comme ceux de Fessenheim, il ne suffit par de tourner un bouton», avait expliqué Ségolène Royal auparavant.
L’une de ses promesses électorales de 2012
En septembre dernier, François Hollande avait déclaré que Fessenheim, en service depuis 1977, ne fermerait pas en 2016 comme initialement prévu, et contrairement à l’une de ses promesses électorales de 2012, en raison du retard pris par le chantier de construction du réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche).
Située à proximité de la frontière avec l’Allemagne et la Suisse, sur une faille sismique et en contrebas du Rhin, cette centrale suscite l’inquiétude des écologistes français, allemands et suisses depuis des années. Vendredi, Berlin a réaffirmé son souhait de voir fermer Fessenheim «le plus vite possible», invoquant un «risque sécuritaire» posé par son grand âge. «Du point de vue de la sûreté nucléaire, il n’y a pas de raison de fermer la centrale de Fessenheim» actuellement, a répliqué vendredi l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), jugeant le niveau de sécurité «globalement satisfaisant». Invoquant un besoin de «travaux complémentaires», le ministère de l’Environnement a repoussé sine die cette semaine une réunion initialement prévue mardi prochain pour tracer les grands axes d’évolution des sources d’énergie d’ici à 2023, dans le cadre de l’application de la loi sur la transition énergétique.
Le Quotidien/AFP