Les biscuits Delacre étaient jusqu’alors détenus par United Biscuits, propriété du conglomérat turc Yildiz.
Ce rachat annoncé lundi, pour un montant qui n’a pas été communiqué, permet au fabricant des Ferrero Rocher, des œufs Kinder ou encore de la pâte à tartiner Nutella, présent aussi au Luxembourg, de mettre la main sur les Cigarettes russes, Délichoc et autres Sprits.
Delacre fait partie du groupe britannique United Biscuits, racheté fin 2014 par le groupe turc Yildiz, et qui possède également la célèbre marque BN. «Dans le cadre de la transaction, l’entité affiliée à Ferrero reprendra toutes les unités de production et maintiendra les emplois tant de l’encadrement que des collaborateurs de ces entreprises», a précisé Delacre dans un communiqué. Le groupe a en outre nommé un nouveau directeur général, Jérôme Grégoire, qui a pris ses fonctions immédiatement. «Delacre est un fabricant emblématique de biscuits fins. Son riche héritage en fait un acteur reconnu en Belgique et en France, ce qui le place en excellente position pour développer et étendre son offre», a commenté Jérôme Grégoire, cité dans le communiqué.
Créée en 1891 par Charles Delacre, un Dunkerquois installé en Belgique, la marque Delacre, qui a été achetée en 1998 par United Biscuits, a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros. Inventeur de la recette gardée secrète des célèbres cigarettes russes et de la présentation en assortiments de petits biscuits pâtissiers dans les fameuses boîtes en métal, Charles Delacre était à l’origine un pharmacien qui, face au succès rencontré par le chocolat qu’il vendait comme un fortifiant dans son officine, décide de se reconvertir en chocolatier en 1870. En 1891, il élargit ses activités au biscuit et invente sa première recette, «le Pacha Delacre».
Une opportunité stratégique
«Delacre constitue un pari relativement sûr pour Ferrero dans la mesure où l’entreprise se spécialise dans les biscuits de qualité possédant des synergies évidentes avec le chocolat et complète l’image de Ferrero en tant qu’acteur à forte notoriété» dans le secteur de la confiserie, a estimé dans une note Pinar Hosafci, analyste spécialiste du secteur agroalimentaire chez Euromonitor international.
Selon cette dernière, Ferrero a de bonnes raisons de s’implanter sur le marché des biscuits de qualité, un secteur bien moins saturé que celui du chocolat et qui n’est pas confronté aux problèmes d’approvisionnement rencontrés sur ce dernier. «Le marché des biscuits haut de gamme possède également des marges plus élevées que ses homologues moins chers et est abordable pour un plus grand nombre de consommateurs», a ajouté Pinar Hosafci. Delacre étant présent aux États-Unis et au Canada, ce rachat constitue une opportunité stratégique pour Ferrero de se renforcer sur le marché nord-américain où il subit de plein fouet la concurrence du suisse Lindt et du belge Godiva, estime l’analyste. La marque réalise cependant l’essentiel de ses ventes en Belgique et en France.
Des informations de presse avaient fait état mi-novembre de la mise en vente, par United Biscuits, d’une autre filiale de ses filiales, la Biscuiterie nantaise, surtout connue pour ses goûters «Choco BN», une opération estimée entre 20 et 30 millions d’euros. United Biscuits dégage un chiffre d’affaires de 80 millions d’euros, mais ne gagne pas d’argent.