Emmanuel Macron a annoncé mardi la « fermeture définitive » de la centrale nucléaire de Fessenheim à l’été 2020, mais le maire de la commune Claude Brender estime être « toujours dans le flou même après le discours du président », tout comme les syndicats.
« Ce n’est pas un président, quel qu’il soit, qui décide de la fermeture d’une centrale, il y a des lois, ça dépend d’EDF », commence par souligner l’élu (sans étiquette), qui assistait justement mardi après-midi à une réunion de la Commission locale d’information et de surveillance de Fessenheim, après l’intervention d’Emmanuel Macron sur la feuille de route écologique du gouvernement.
« Ce que je retiens surtout, c’est qu’il a dit qu’il n’y aurait aucune fermeture complète de site, ce qui veut dire qu’il faudra un nouveau projet industriel sur place », poursuit Claude Brender. Celui-ci milite pour la transformation de l’usine en « technocentre du démantèlement », où l’acier utilisé dans les centrales françaises et allemandes serait retraité. Et justement, le maire de cette commune de 2 300 habitants affirme n’avoir pour le moment aucun élément concret sur le devenir du site.
Même son de cloche du côté des syndicats : « C’est une annonce sans en être vraiment une. On est dans l’incertitude la plus complète », relève ainsi Vincent Rusch, de la CFDT, insistant sur « l’aberration complète » que constitue selon lui la fermeture d’un tel outil.
Quid de la production et des emplois ?
La centrale dispose de deux réacteurs de 900 mégawatts chacun et emploie à l’heure actuelle environ 700 agents EDF, plus 200 prestataires permanents. Le premier réacteur a une autorisation de fonctionnement jusqu’en 2020, le second jusqu’en 2022, après quoi une visite décennale, particulièrement lourde, serait nécessaire pour prolonger leur durée de vie.
De ce fait, « l’annonce ne nous surprend pas outre mesure pour la tranche n°1, mais pour la tranche n°2 c’est un peu différent », relève Jean-Luc Cardoso, délégué CGT. Selon lui, il serait ainsi logique d’exploiter jusqu’au bout le second réacteur.
Le syndicaliste se dit également particulièrement sceptique quant à l’indépendance énergétique de l’Alsace une fois Fessenheim fermée, notamment pendant les pics de consommation l’hiver. « Pour nous c’est une hérésie de fermer cette installation qui est rentable, fiable, et si le scénario idyllique de RTE (Réseau de transport d’électricité) pour compenser la perte de production après la fermeture ne fonctionne pas, ce sera très problématique pour les entreprises alsaciennes qui auront un courant de moins bonne qualité, avec des coupures ou des sautes d’intensité », anticipe-t-il. En outre, « M. Macron avait promis que tous les emplois de Fessenheim seraient préservés : pour le moment on en est loin », déplore Jean-Luc Cardoso.
LQ/AFP