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FCD03 : le « pincement au cœur » de Lebresne


"Mon dernier but, c'est un csc qui nous élimine de la Coupe à Käerjeng. Ça veut peut-être dire qu'il était temps que je parte!"

Onze ans après son arrivée à Differdange à la demande de Dan Theis, Philippe Lebresne (37 ans) a choisi de relever un dernier challenge à Mondercange (PH). Il quitte le FCD03 avec émotion et en ayant marqué à jamais l’histoire du club.

Le Quotidien : Effectuer la démarche d’aller voir Fabrizio Bei et de lui demander un bon de sortie, c’est difficile à faire?

Philippe Lebresne  : Ce n’était pas prévu. Je devais attendre juin pour le faire, mais Mondercange m’a contacté cet hiver. Le club a besoin d’un gars d’expérience, c’est un projet qui me tente. Il me restait six mois de contrat, mais comme je ne joue plus beaucoup, j’ai appelé « Fabri ».

Au début, il était perplexe, puis il a compris ma situation. C’est sûr qu’après onze ans au club, ça fait bizarre, d’autant que ce n’est pas seulement un président, mais un ami. On a pas mal bourlingué ensemble, alors c’était un moment émouvant. Quand il a annoncé mon départ, lundi, j’ai senti la larmichette monter. Moi non plus je n’étais pas très bien. Ça ne se voit peut-être pas toujours, mais je suis quelqu’un de très sensible.

Êtes-vous déçu de ne pas terminer votre carrière à Differdange?

Non. Disons que j’aurais aimé terminer la saison et partir en juin, car j’ai toujours su que je voudrais un dernier challenge. Là, je me suis dit que c’était mieux d’aider un club qui avait besoin de moi, plutôt que de végéter à Differdange. Lebresne, il ne peut pas toujours jouer! Physiquement, ça devient dur. On joue avec un seul joueur devant la défense et il y a Mathias Jänisch et Andy May qui jouent à ce poste. Ce sont des jeunes qui ont besoin de jouer. Et puis physiquement, ça devient dur.

Pas tant que ça, puisque vous avez signé pour un an et demi à Mondercange…

Je suis éducateur sportif, disons que les jambes, elles sont toujours là. Je ne me sens pas encore du tout cramé.

Comment ont réagi vos coéquipiers à cette annonce?

J’ai eu droit à plein d’accolades. J’avais la boule au ventre, ce sont des moments émouvants. J’ai vécu tant de choses ici…

Quand vous êtes arrivé ici en 2004, pensiez-vous que l’aventure allait être aussi belle et longue?

C’était impossible à imaginer. Je venais de Basse-Normandie pour le boulot. Il n’y avait pas de poste d’éducateur sportif dans ma région alors je suis venu à Villerupt, où je bosse encore aujourd’hui. J’ai fait une saison et demie en DH à Audun-le-Tiche, puis je suis venu au Luxembourg. Dan Theis m’a repéré. Je suis arrivé à Differdange il y a onze ans avec un sac en plastique et mes chaussures de foot pour faire un essai. Je repars aujourd’hui avec des souvenirs d’Europa League incroyables. J’ai tout de suite eu un bon feeling et c’est pour ça que j’ai signé ici, alors que j’avais aussi fait un essai au Fola. Mine de rien, j’avais déjà 26 ans! Avant tout, c’est l’aventure humaine qui a été intense à Differdange. Les dirigeants, les coéquipiers, les fans, je les remercie tous pour ces beaux moments.

Comment expliquez-vous qu’un joueur chargé de faire un boulot obscur sur le terrain ait pu autant marquer le club?

Je suis toujours resté simple. Je ne me suis jamais mis en avant, à part pour faire le con. Je suis capable de faire la même blague à un député européen qu’à un gamin du club. Mon style de jeu où je ne ménage pas mes efforts a plu, j’imagine.

Quel est le joueur qui vous a le plus marqué?

Impossible d’en citer un seul. En fait, je pourrais donner une cinquantaine de noms. Quand je suis arrivé, je jouais avec Luc Duarte, un n°6 qui était en fin de carrière et m’a beaucoup appris. J’ai eu la chance de jouer avec Jean Wagner, Marcel Christophe ou Paolo Amodio, des mecs qui ont beaucoup apporté au club. De toute façon, je ne suis pas difficile à vivre, j’ai apprécié beaucoup de gars. Voir Aurélien Joachim faire une carrière professionnelle, ça fait plaisir. C’est un bon gars, une pâte molle. Je fais un barbecue chez ses parents et le voilà qui joue en Hollande, en Bulgarie et maintenant en Angleterre. Avec Pierre Piskor aussi on s’est vite bien compris.

Quel est votre souvenir le plus intense?

Il y en a deux. Les deux extrêmes  : le but de la qualification que je mets à Tallinn après avoir planté la pièce dans le but avant le match, puis le tir au but que je rate chez nous, contre Tromsø. Je n’oublierai jamais ce que le FCD03 m’a apporté. J’ai joué au Thillenberg, moi!

Aucun regret, alors?

Mon dernier but, c’est un csc qui nous élimine de la Coupe à Käerjeng. Ça veut peut-être dire qu’il était temps que je parte!

Matthieu Pécot

Août 2013, Differdange-Tromsø : Lebresne sort de la Coupe d'Europe mais entre dans la légende du FCD03. (photo archives L Q/ Mélanie Map's)

Août 2013, Differdange-Tromsø : Lebresne sort de la Coupe d’Europe mais entre dans la légende du FCD03. (photo archives L Q/ Mélanie Map’s)