Leader du championnat de Division 3, le FC Vinesca Ehnen a abandonné son trône au CeBra car son match face à Gasperich a été remis. La raison? Dans la nuit de jeudi à vendredi, des sangliers sont passés par là.
Claude Leuck pensait passer un vendredi après-midi comme un autre, quand son téléphone a sonné et que la commune a demandé à ce membre du comité du FC Vinesca Ehnen de se rendre le plus vite possible sur le terrain Im Gau. «En temps normal, un employé vient passer un coup de tondeuse, ça dure deux heures grand maximum. Là, ils étaient quatre et sont restés de 14 h à 18 h, à travailler comme des fous, avec la pelle et tout ce qu’il faut» , raconte Claude Leuck. L’objet de cette débauche d’énergie est assez dingue. «Des sangliers ont bouffé notre terrain, voilà tout» , résume le dirigeant.
Dans l’après-midi, l’arbitre Paulo Vivas, qui habite dans les environs, est dépêché sur les lieux par la Fédération luxembourgeoise de football (FLF) et se rend vite à l’évidence : le terrain qui doit accueillir dimanche le match entre Ehnen et Gasperich est impraticable.
«Je n’avais jamais vu un terrain dans un tel état, éclaire l’arbitre. J’avais pris une deuxième paire de chaussures pour ne pas salir les miennes et j’ai bien fait, je me suis enfoncé dans le sol sur plusieurs centimètres. En laissant jouer le match, je suis sûr d’une chose, il y aurait eu un paquet d’entorses!»
L’entraîneur, Mikhail Zaritski, parle d’une pelouse «catastrophique» et rappelle que «trois des quatre matches» qui restaient à jouer en 2015 devaient avoir lieu à domicile. On parle aujourd’hui d’une probable délocalisation à Wormeldange ou Canach pour ces rendez-vous. En attendant, le leader peut s’estimer heureux que son terrain d’entraînement n’ait pas été ravagé.
Mais au fait, comment un troupeau de sangliers a pu se rendre sur un terrain de foot en toute tranquillité? Aucun grillage n’entoure le rectangle vert? «Non, on n’a pas de grillage, on n’a pas d’argent» , s’amuse Claude Leuck, un brin fataliste quant à la situation géographique de l’aire de jeu. «On est coincés en plein milieu de la forêt, dans un triangle de chasseurs : ceux d’Ehnen, de Lenningen et de Gostingen. En ce moment, on est dans une période chasse. Et le lendemain de la battue, les sangliers cherchent un peu de calme. Là, ils l’ont trouvé sur notre terrain. Visiblement, ils ont bien aimé nos vers de terre.»
Piskor et la thèse de la surpopulation
Attaquant de Differdange, Pierre Piskor n’est pas qu’un chasseur de buts qui a fini la saison 2008/2009 avec 30 unités au compteur. Il est aussi un chasseur tout court. Pour lui, un terrain encerclé par les bois est une cible idéale pour ces porcs sauvages. Il avance la thèse de la surpopulation. «C’est inévitable et c’est normal que cela arrive à cette époque de l’année. Il y a trente ans, les femelles ne faisaient qu’une portée. Et comme on était proche des 0 °C voire des températures négatives, le marcassin ne résistait pas au grand froid. Aujourd’hui, vous avez vu la température qu’on a? Des portées, elles en font trois. On peut s’imaginer qu’il y a une surpopulation» , indique Piskor.
Le goleador rappelle aussi l’intelligence de la bête : «On est en pleine période de chasse en ce moment. Et un sanglier, c’est quoi? C’est un cochon, ce n’est pas con! Quand il entend les balles siffler, il prend la fuite. Et là, s’il y a un terrain de foot, tu m’étonnes qu’ils se sont fait plaisir! Une bonne pelouse, c’est facile à déterrer. Un coup de groin et c’est réglé!»
Le FC Vinesca Ehnen sera exempt dimanche prochain lors de la 12 e journée de Division 3 série 3. Et si les gars de Zaritski en profitaient pour aller chasser le gibier?
Matthieu Pécot