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FC Metz : une éclosion tout sauf spontanée


Olivier Perrin à l'entraînement avec les apprentis professionnels de l'académie Génération Foot. (Photo : AFP)

Depuis plusieurs saisons, le club grenat s’appuie sur son académie sénégalaise Génération Foot dont sont sorties quelques pépites. Sadio Mané, Diafra Sakho… Les jeunes de l’académie Génération Foot, au Sénégal, rêvent de connaître la carrière de leurs prédécesseurs.

Pour sa première saison en première division, Génération Foot s’est assuré le titre de champion du Sénégal, avec sa victoire sur le Stade de Mbour, le 11 juin, à deux journées de la fin de la compétition, deux ans après avoir remporté la Coupe, alors que l’équipe évoluait en National 1 (division 3).

Mais pour les joueurs les plus prometteurs l’aventure ne fait que commencer. Grâce à un partenariat avec le FC Metz depuis le début des années 2000, cette filière part de Dèni Biram Ndao, à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Dakar, près du lac Rose pour déboucher dans l’est de la France.

Avant même le titre, le FC Metz annonçait le 9 juin le recrutement d’Ibrahima Niane, 18 ans, meilleur buteur du championnat sénégalais (15 buts en 15 matches). «Moi, mes objectifs c’est de jouer là-bas au haut niveau et d’aider ma famille aussi», affirme-t-il sur le site de plus de 17 hectares de l’académie, aux pelouses et à la végétation soigneusement entretenus.

Avec son coéquipier, le milieu offensif gambien Ablie Jallow, 18 ans, il rejoindra un ancien pensionnaire de l’académie, Ismaïla Sarr. À moins que ce dernier, révélation du FC Metz, et convoité par plusieurs clubs, français, anglais et allemand, ne soit déjà transféré au bout d’une seule saison. Selon les termes du partenariat, «en moyenne deux joueurs partent chaque année au FC Metz sans indemnités de transfert et en contrepartie le FC Metz verse le fonctionnement mensuel de l’académie», indique le manager général, Olivier Perrin, arrivé au Sénégal en 2013, l’année de l’installation du centre de formation sur son site actuel.

Les responsables de Génération Foot se refusent à révéler le montant de l’accord, mais cette contribution, cumulée à la part perçue sur les transferts des joueurs formés à l’académie, ont permis la construction des infrastructures, en constant développement. «Nous voulons que les joueurs qui sortiront de Génération Foot soient prêts à tous les niveaux, sur le plan sportif et humain», explique Olivier Perrin.

«On ne va pas faire 110 professionnels sur 110 gamins, donc on a aussi un rôle social à jouer au Sénégal, améliorer la condition des gens puisqu’ici ils sont pris en charge à 100 %, il n’y a pas un centime dépensé et ils sont scolarisés gratuitement», souligne-t-il.

Marseille pourrait suivre l’exemple

Pour le fondateur de Génération Foot, Mady Touré, il aurait été inconcevable de développer un tel projet «sans participer à la vie de la communauté locale», renchérit son ami et confident Talla Fall, directeur de la communication de l’académie.

Par conséquent, la plupart des emplois – gardiennage, électricité, plomberie, buanderie – sont réservés à la population de cette zone isolée, précise-t-il. Génération Foot finance aussi l’école du village et le centre de santé local.

Ancien joueur dont la carrière a été brisée par une blessure au genou dans les années 1990, après une reconversion forcée dans le secteur de la santé à Monaco, Mady Touré, qui continuait parallèlement à conseiller des footballeurs africains en difficulté, a créé Génération Foot en 2000, raconte Talla Fall. La relation avec le FC Metz s’établira quelques années après, à la faveur d’une rencontre avec Joël Muller, ancien entraîneur du club.

Ce partenariat aura aussi profité au FC Metz, sur le plan économique grâce notamment au transfert en 2014, de Salzbourg (Autriche) à Southampton (Angleterre), de Sadio Mané, devenu en 2016 le joueur africain le plus cher de l’histoire lors de son achat par Liverpool (40 millions d’euros). Une bien meilleure affaire pour le club lorrain que son éphémère parrainage par l’Office du tourisme tchadien – avec pour slogan sur le maillot grenat «Tchad, Oasis du Sahel» – suspendu en février en raison de difficultés de paiement.

Encore récente, la formation à la sénégalaise intéresse de plus en plus les recruteurs européens. Les dirigeants de l’Olympique de Marseille (France) sont ainsi attendus la semaine prochaine à l’institut des Diambars, lancé en 2003 à Saly, au sud-est de Dakar.

Le Quotidien/AFP