Le Portugais André Santos est une recrue phare du nouveau projet messin : le joueur qui doit apporter la lumière sur le terrain.
Yéni Ngbakoto n’y va pas par quatre chemins : «Je pense que Santos sera notre maître à jouer.»
Certains signes ne trompent pas. Le petit sourire satisfait du président par exemple. Début juillet, un témoin évoquait un Bernard Serin frétillant à l’idée de présenter André Santos aux médias. Comme un pêcheur fier de son joli poisson.
Deuxième image : face à Lens, samedi, les Messins semblaient aimantés par leur coéquipier portugais. Il centralisait leurs passes, disponible, serein dans sa lecture du jeu et toujours soucieux de faire vivre le ballon. Proprement. Comme le «guide», promis par José Riga.
Sur le terrain, Santos est en effet voué à devenir le premier relais de l’entraîneur belge, cette saison. Le dépositaire du jeu messin. «Je pense qu’il sera notre métronome, notre maître à jouer, confirme Yéni Ngbakoto. C’est un très bon technicien. Il a un peu le rôle de Xavi à Barcelone, mais… à Metz.» La comparaison amuse le Portugais. «J’aime jouer en une touche de balle, dit-il. Quand je le fais à l’entraînement, Yéni plaisante souvent, en disant : « Barça, Barça! »»
Le virage technique du FC Metz a justement pesé dans la décision du Portugais cet été. «J’avais l’image d’une Ligue 2 assez physique, mais Carlos Freitas (le directeur sportif) m’a parlé de Troyes, qui était monté en jouant. Il m’a expliqué qu’on allait faire pareil.»
Metz, au passage, était sa meilleure proposition. «Des clubs portugais me voulaient, mais pas les meilleurs. Comme j’ai joué au Sporting, j’ai refusé, explique l’intéressé. J’ai aussi reçu des offres du Kazakhstan, de Bulgarie, de D2 espagnole… J’ai préféré attendre. En plus, je sais que le championnat de France est suivi à l’étranger. Si on monte, les clubs sauront qu’il y a de bons joueurs ici.»
«J’ai appelé la FIFA pour redevenir libre»
Metz, simple escale? «Nouveau départ», répond Santos. Car cet enfant du Sporting Portugal restait sur un échec en Turquie, à Balikesir (D1). «J’avais joué tous les matches au début, mais je me suis blessé au genou, les ligaments. Je n’ai pas été opéré, j’ai été absent deux mois. Mais comme il y avait dix étrangers dans l’équipe et que le règlement n’en autorisait que cinq, on ne m’a pas retenu. Après ça, on ne m’a plus payé durant trois mois. Alors j’ai appelé la FIFA pour redevenir libre. J’avais quand même signé pour trois ans…»
Metz a donc attiré un garçon qui n’avait «plus joué un match depuis février». «Mais je me suis entretenu en payant un coach personnel, rassure Santos. J’ai bossé dur avec lui et je me sens bien aujourd’hui. Physiquement, ça va. J’ai joué 90 minutes samedi et j’ai pu aider l’équipe. D’ici deux, trois matches, ce sera encore mieux.» Son ambition? «Si je joue tous les matches et qu’on monte en Ligue 1, ce sera parfait.»
Évidemment, la jurisprudence Krivets invite à garder un soupçon de mesure aujourd’hui. Cador présumé, Santos doit confirmer les premières impressions positives, prouver son influence sur la durée. Alors le charme de ce technicien aux yeux limpides risque d’opérer. Pour certains, c’est déjà fait. Car un supporter nous a confié ceci le week-end dernier : «Ma copine est fan de Santos depuis qu’elle a vu sa photo. Moi, je suis fan depuis que je l’ai vu jouer contre Lens.»
Christian Jougleux (Le Républicain lorrain)