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FC Metz : c’est un équilibriste, Chris Philipps ?


(Illustration : AFP)

Le FC Metz a pris quelques fameuses raclées cette saison en Ligue 1. Ce n’est jamais arrivé quand Chris Philipps était sur le terrain. Simple hasard? Ou point d’équilibre?

Après un dérangeant 5-1 encaissé à Lorient le week-end passé, les Grenats vont devoir se ressaisir pour retrouver un semblant de sérénité défensive afin de finir la saison sans trop de grosses suées. Et on aurait bien envie de leur conseiller de réinstaller Philipps dans l’entrejeu…

Chris Philipps n’est pas un grand amateur de beaux concepts. Parler football avec lui se fait cash. Aussi devait-il avoir médité longuement sa sortie du début d’année 2017, quand il était devenu évident qu’il serait titularisé en l’absence des «Africains» de l’entrejeu partis à la CAN et qu’il nous avait dit vouloir devenir un «point d’équilibre» pour les Grenats, afin de se «rendre indispensable». Il n’est pas devenu indispensable, mais l’idée est restée et ce qu’elle sous-tend également. Un joueur «point d’équilibre», ça pourrait se définir à peu près comme ça, même pour un béotien du ballon rond : un garçon qui assure à une équipe de ne pas être complètement désorganisée quand elle est en phase de transition offensive ou défensive. En version encore plus simplifiée : le mec qui a l’intelligence ou l’altruisme de faire la petite course ou le petit geste qui évite à toute l’équipe d’en prendre plein la figure parce qu’elle s’est laissée aspirer par une action. C’est joli comme concept et en plus, ça colle bien à la mentalité de Chris Philipps.

Mais est-ce que ça fait sens? A priori pas assez pour obtenir un temps de jeu conséquent à Metz. Diagne, Mandjeck, Doukouré, des garçons qui n’ont pas le même profil mais cette même qualité de mettre de l’impact, lui sont préférés presque en permanence. On ne peut pas aller contre ce constat : Philipps est n° 4 dans la hiérarchie.

Est-ce mérité? Il faut sans doute avoir un prisme luxembourgeois pour remettre en cause cette vérité essentielle : Philippe Hinschberger ne s’amuse pas à ne pas faire jouer Philipps, il met l’équipe qu’il juge la meilleure. C’est donc que Philipps n’a pas été assez convaincant.

Et pourtant… Pourtant le Roude Leiw n’était jamais sur le terrain quand le FC Metz a sombré. Et c’est arrivé souvent. Par contre, lors de rencontres très compliquées qui auraient pu accoucher de cartons, sa présence n’a jamais nui au groupe, loin de là : avec lui, Metz n’a pris qu’un but en 180 minutes contre l’OM, est allé chercher un match nul et vierge sur la pelouse de ce monstre qu’est l’OGC Nice, a tenu une défaite 2-1 à neuf contre onze à Angers. Il y a aussi eu Metz – Lyon, tout récemment. 0-1 avant sa sortie. 0-3 à la fin.

Il faut sûrement être un peu torturé pour aller chercher cette statistique qui dit que sans lui, le FC Metz prend un but toutes les 38 minutes et qu’avec lui, c’est un but toutes les 88 minutes. Mais Philipps va décider de son avenir cet été et on ne peut s’empêcher de se dire qu’il n’est pas considéré à sa juste valeur.

«La culture du foot français, pointe son sélectionneur, Luc Holtz, recherche l’athlétique, l’explosif. Moins l’intelligence de jeu. Or c’est ce que Chris a. Mais cette qualité est moins reconnue en France. Il y a une vision du foot plus spectaculaire que ce qu’il offre.»

En sélection d’ailleurs, on a commencé à lui demander d’être moins altruiste, plus à l’écoute de ses sentiments, sur le terrain, que de son analyse. Philipps en a même parlé avec la psychologue qui encadre l’équipe lors des rendez-vous internationaux. «Des fois, au lieu d’aller jouer l’interception, il ne va pas au bout de son instinct parce qu’il pense « et si j’ouvrais trop ma zone », explique encore Holtz. Il pense trop à l’équilibre de l’équipe.» Point d’équilibre, c’est une qualité quand ça ne devient pas un défaut, visiblement. Pourtant, Metz aurait peut-être tout à y gagner. Surtout après ce nouveau revers majeur à Lorient…

Julien Mollereau