Confrontée à l’annonce de plusieurs grèves, la compagnie aérienne à bas coûts Ryanair a proposé vendredi de reconnaître pour la première fois de son histoire des syndicats de pilotes pour tenter de les amadouer.
Le groupe irlandais est sous la menace de la première grève de pilotes de son histoire, en Italie, en Irlande et au Portugal, sur fond de malaise social grandissant. Dans l’espoir de voir ces actions annulées, il a annoncé vendredi matin vouloir engager des discussions avec les syndicats de pilotes dans plusieurs pays afin de les reconnaître comme représentatifs, à condition cependant qu’ils mettent en place des commissions dédiées à Ryanair.
L’offre a été faite aux syndicats de pilotes en Irlande, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Italie, en Espagne et au Portugal quelques heures avant le débrayage prévu des pilotes et assistants de vol italiens à partir de midi et jusque 18h finalement suspendu. La démarche de Ryanair « est un premier pas très important », a commenté dans un communiqué l’Association nationale des pilotes de l’aviation civile (Anpac), appelant ses membres « à suspendre la grève prévue pour aujourd’hui ». Des perturbations restaient à prévoir dans les aéroports italiens puisque les contrôleurs aériens ont également déposé un préavis de grève. La compagnie irlandaise a déjà annoncé des annulations de vols au départ de Bergame, Rome, Pise et Trévise mais n’en a pas publié la liste.
Accueil froid
De son côté, le syndicat italien des transports Fit-Cisl a accueilli plutôt froidement la proposition de Ryanair. « Ryanair est une entreprise qui fonctionne grâce à tous ses employés, pilotes, assistants de vol et ingénieurs. Il n’est pas pensable de dialoguer avec seulement une partie d’entre eux. Cela fait des années que nous dénonçons les conditions de travail chez Ryanair (…) et (qui) maintenant, face à l’évidence de la réalité, commence à ouvrir les yeux », a déclaré dans un communiqué Antonio Piras, son secrétaire général. Ryanair a aussi publié la lettre adressée au syndicat des pilotes irlandais Ialpa, qu’il souhaite rencontrer pour valider sa reconnaissance et éviter la grève du 20 décembre. Mais un porte-parole du syndicat irlandais Impact, qui chapeaute Ialpa, a déclaré n’avoir pas encore reçu le courrier.
La compagnie avait jusqu’ici minimisé le mouvement irlandais, qui n’est porté selon elle que par 28% de ses 300 pilotes à Dublin. Ryanair a mis en avant sa volonté de ne pas pénaliser ses clients en cette période de fête pour expliquer sa décision de revenir sur sa politique de ne toujours reconnaître aucun syndicat. « Reconnaître des syndicats sera un changement important pour Ryanair », explique Michael O’Leary, directeur général, dans un communiqué. « Nous allons maintenant traiter avec nos pilotes par le biais de structures syndicales nationales reconnues et nous espérons que ces structures pourront être et seront convenues avec nos pilotes tôt dans la nouvelle année ».
En trente ans d’existence, la compagnie aérienne à bas coûts n’a connu aucun débrayage de pilotes mais un automne tumultueux marqué par des milliers d’annulations de vols a témoigné d’un malaise social, même si Ryanair a mis ces perturbations sur le compte de problèmes de plannings de vacances. Première compagnie européenne en terme de passagers transportés, Ryanair ne voulait négocier jusqu’à présent avec ses pilotes qu’au sein de comités locaux de représentation du personnel. Les syndicats de pilotes, qui réclament de meilleures conditions de travail et de rémunération, demandent la reconnaissance d’une instance unique de représentation du personnel sur le plan européen.
Le Quotidien/AFP