Tenu en échec depuis cinq journées, le FC Metz va tenter d’inverser la tendance à Ajaccio, ce vendredi soir (20h) sur le terrain d’un relégable. La manière ? Un bonus. Le besoin de victoire est trop urgent pour que José Riga ne crache sur une victoire douloureuse.
On parle beaucoup du projet de jeu, mais ce qui compte c’est de faire en sorte de gagner les matches.» Cette petite phrase de Kévin Lejeune, lâchée dans les sillons troubles d’un nul face à Clermont (2-2), joue une petite musique entêtante dans l’actualité messine. Comme un rappel nécessaire des priorités du foot. Du genre : régaler, c’est bien; gagner, c’est mieux.
Depuis un mois, les Grenats sont frustrés sur les deux tableaux. Soit ils développent une maîtrise intéressante mais se contentent d’un partage des points (Le Havre, Brest), soit ils bafouent leur organisation et déplorent des résultats désagréables à domicile (Nancy, Nîmes, Clermont). Bilan : quatre nuls et une défaite à l’arrivée. Et donc quatre points en cinq journées. Sur la photographie de cette seule séquence, Metz serait d’ailleurs relégable, avec une unité de moins au compteur qu’Ajaccio, son adversaire du jour au demeurant.
Le «jouer moche»
Portés par un début d’exercice plus souriant, les hommes de José Riga continuent pourtant d’occuper le podium et c’est d’abord cette place qu’ils vont défendre en Corse. Par tous les moyens possibles. Le beau jeu en est un. Mais pas seulement. Face à un relégable, un vrai, les vertus de solidarité, d’engagement et d’efficacité sont autrement plus impératives. Surtout dans le cas d’un candidat à la montée sommé de renouer fissa avec la victoire.
Le FC Metz en est là justement. Prié, le temps d’un soir au moins, d’oublier ses préoccupations esthétiques pour parvenir à ses fins comptables. Quitte à récupérer le «jouer moche» popularisé en son temps par Pablo Correa. Non, vraiment, qu’importe la façon, il faut retrouver l’ivresse d’un succès.
Soit dit en passant, Ajaccio stationne dans le même créneau de réflexion. Avec une victoire et seulement quatre buts marqués en onze matches, les Corses ne bouderaient pas le luxe d’un succès à l’arrache sur un but inscrit du ménisque. Ils en connaissent trop la valeur.
Pourquoi ce plaidoyer pour un football sans paillettes? Parce qu’il est en vigueur en Ligue 2 bien sûr, mais surtout parce que Metz n’a pas, non plus, les moyens de ses ambitions actuellement. Trop de cadres sont sur le flanc (Doukouré, Milan, Kaprof, Mayuka), la défense est fébrile, le milieu flottant et ses avant-centres sont muets.
C’est toute la problématique de Riga : composer avec un noyau qui collectionne les pépins. Cette saison, l’entraîneur a déjà utilisé 26 éléments sur 32 contrats pros. Dont 25 titulaires différents. Ce n’est sans doute pas fini. Djim et Rivierez apparaissent dans le groupe et pourraient avoir voix au chapitre ce vendredi soir. Un tel brassage ne facilite pas les automatismes, mais il n’empêche ni le combat ni l’envie. Les Grenats sont d’abord attendus là. Sur cette île, la beauté sera secondaire.
Christian Jougleux (Le Républicain lorrain)