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Evacuation musclée d’un lycée parisien occupé par des migrants


Des manifestants tentent d'empêcher l'évacuation de migrants d'un lycée, le 4 mai 2016 à Paris. (Photo : AFP)

Ils occupaient les lieux depuis presque deux semaines: près de 300 migrants ont été évacués mercredi au petit matin d’un lycée parisien, au cours d’une opération musclée des forces de l’ordre.

Cette intervention a eu lieu seulement deux jours après l’évacuation d’un campement sous la station de métro aérien Stalingrad, également dans le nord-est de Paris. Plus de 1 600 migrants avaient alors été pris en charge, un record sur la vingtaine d’opérations menées dans la capitale depuis un an.

Une partie d’entre eux s’étaient réfugiés au lycée Jean-Jaurès, un établissement en travaux du XIXe arrondissement, rejoignant les 150 migrants (eux aussi venus de Stalingrad) qui l’avaient investi dans la nuit du 21 au 22 avril. Parmi elles, «74 personnes (dont 20 femmes et 6 enfants) ont été mises à l’abri et conduites vers un centre d’hébergement», a indiqué la préfecture de police. Les autres ont été «prises en compte afin d’examiner leur situation administrative».

«Un certain nombre a reçu une OQTF» (obligation de quitter le territoire français), mais «ils ont été hébergés quand même» et «personne n’a été placé en rétention», a précisé le préfet d’Ile-de-France Jean-François Carenco, très agacé par le traitement médiatique de cette opération.

«Il faut arrêter de dire qu’on les maltraite, ils étaient tous volontaires», a-t-il affirmé lors d’un point presse, en précisant seuls 21 des 277 migrants présents n’avaient pas accepté l’offre d’hébergement proposée. Selon lui, les migrants ont été «totalement» instrumentalisés par les militants sur place.

Au total «8 350 personnes ont été prises en charge» depuis un an, a-t-il ajouté. Un premier bus emmenant les migrants est parti vers 09H15, plus de trois heures après l’arrivée des forces de l’ordre, suivi de trois autres bus. A l’aube, plusieurs dizaines de manifestants, appelés en soutien par des associations d’aide aux migrants et par le mouvement citoyen Nuit debout, s’étaient donné rendez-vous au lycée Jean-Jaurès, pour tenter d’empêcher leur évacuation.

Une «douzaine de militants» ont fait l’objet de contrôles d’identité, selon le préfet de police Michel Cadot, précisant qu’il n’y avait pas eu d’interpellation. Saisi par le conseil régional d’Ile-de-France, le tribunal administratif de Paris avait ordonné le 29 avril, avec un délai de grâce de 72 heures, l’évacuation du lycée. «La région va procéder à un état des lieux après cette occupation et portera plainte en cas de dégradations», a affirmé la présidente de l’Ile-de-France, Valérie Pécresse (LR).

«Pas de place»

Le lancement de l’opération a été mouvementé. La police a employé du gaz lacrymogène pour disperser les militants qui avaient formé une chaîne humaine devant une des entrées. Des manifestants, dont certains étaient masqués, ont répondu en jetant quelques projectiles aux cris de «tout le monde déteste la police». Les forces de l’ordre ont finalement accédé à l’établissement via une autre entrée en forçant une porte en fer, a rapporté un membre du collectif de soutien les migrants.

«Ce matin, la police nous a gazés et nous a repoussés. Hier à minuit on avait monté un barrage avec des tables et des chaises, ils ont tout dégagé», a raconté Emmanuel, un Ghanéen d’une vingtaine d’années sorti avant l’arrivée des forces de l’ordre. «Ils les évacuent mais il n’y a pas de place en hébergement à Paris. Ils vont se retrouver en hébergement d’urgence pour 24 heures-72 heures maximum. Ou dans un hôtel s’ils ont de la chance», s’est alarmée Clémentine Verschave, du collectif La Chapelle debout.

Les élus communistes Front de gauche de la capitale ont condamné des «opérations lamentables, violentes et dépourvues de tout accompagnement social», tandis que les élus écologistes de Paris se sont dit «très inquiets» concernant l’hébergement: «Où vont être emmenés ces réfugiés ?», a lancé Anne Souyris, leur coprésidente. De son côté, la préfecture de police a compté quatre gendarmes «contusionnés ou blessés légèrement», déplorant ces violences «commises envers les forces de l’ordre afin de tenter d’empêcher l’application du droit et de perturber le bon déroulement de l’opération».

Le Quotidien/AFP