Après six ans de tentatives infructueuses bien compliquées par des tirages exécrables, le club eschois va enfin voir l’étage du dessus. Il était temps!
Milsami auteur d’une première mi-temps très intense, a complètement décroché en deuxième, incapable de hausser le rythme quand le Fola, qui a mieux géré son effort, a égalisé.
On aurait pu croire que l’explosion de joie, après tant d’années de frustrations, serait plus feutrée vu les monstres continentaux auxquels le Fola a déjà donné la réplique mais même s’il n’y a, après tout, plus rien d’illogique par les temps qui courent à voir le 3e du Luxembourg battre des professionnels moldaves, il fallait célébrer ça bruyamment. Et le petit stade champêtre d’Orhei, où était venu se fracasser le F91 en 2013, faisait bien l’affaire pour expulser des années de frustrations. «C’est historique, a souri Mauro Mariani avant de rejoindre ses joueurs pour une photo souvenir. Le club existe depuis 111 ans et on n’avait encore jamais fait ça. C’est une belle page d’écrite.»
Et ils n’ont pas sorti la plume, les gars de Jeff Strasser. Plutôt le marteau piqueur. Il fallait bien ça sur cette pelouse détestable où conduire un ballon relève de l’exploit. Milsami l’a en plus joué à l’intox, attaquant ce match retour en mort de faim, ne calculant rien et surtout pas le fait qu’il faudrait tenir 90 minutes. La veille, Jeff Strasser avait anticipé ce comportement kamikaze et conditionné ses gars au besoin de ne pas paniquer, de laisser faire le temps. Heureusement, parce qu’un peu asphyxiés en première, son équipe avait plié sur un long coup franc lobé atterri dans la lucarne de Hym (37e). Il a heureusement sauvé la patrie sur sa ligne pour éviter à tout le monde de plonger mentalement avant la pause (43e).
Éliminé pendant 20 minutes
Les choses ont été dites à la pause («Je leur ai dit qu’on passerait si tout le monde jouait à son niveau», révèle Strasser). La suite? «C’était un match d’hommes, on a sorti les griffes», lance un Mariani martial. Le Fola n’aura pas tremblé bien longtemps. À peine éliminé l’espace des minutes, il a pu compter sur un Dallevedove plein de sang-froid pour fixer Mîtu petit côté (58e). La célébration de ce but, au moment où Milsami avait déjà considérablement baissé le rythme, ressemblait déjà à une validation des acquis.
Il aurait été extrêmement dommage de rater une qualification pour un but encaissé quelques secondes seulement après avoir doublé le score à l’aller, puis un ballon mal négocié par son gardien au retour. Le Fola s’est évité cette désillusion-là et c’est tant mieux pour son développement sportif.
C’est un cap bien plus important qu’il n’y paraît. Le prestige de passer contre Aberdeen la saison passée n’aurait pas été du luxe, mais on ne transige pas avec la réussite et le modeste Milsami, qui reste une équipe de professionnels, fera aussi bien l’affaire. On connaît des clubs luxembourgeois, ces dernières saisons, qui ont rencontré des équipes moins dangereuses et qui s’y sont cassé les dents. Pour la première fois de son histoire, le Fola va donc vivre ce que tant d’autres avant lui ont déjà connu avec parfois moins de mérite.
L’arbitre était-il partial ?
On n’a pas grand-chose à reprocher à M. Tarajev, l’arbitre estonien qui a distribué les biscottes de manière intensive à Milsami, et même un rouge mérité. Sauf que le Slovaque Peter Chrappan a suffisamment de notions de russe pour avoir entendu l’homme en noir insinuer à un Moldave de «rester en place dans la surface et qu’il sifflerait penalty au moindre accrochage». Bizarre. «Il y avait de toute façon une atmosphère étrange autour de ce match», indique Strasser, plein de sous-entendus.
De notre envoyé spécial à Orhei, Julien Mollereau