Le Fola a failli refaire le coup de Zagreb en 2015, jeudi soir à Aberdeen, au 1er tour aller de l’Europa League. Même s’il le méritait beaucoup moins cette fois. Les sept minutes d’arrêts de jeu l’ont tué…
Cela aurait été un miracle que le Fola revienne d’Écosse avec un nul. Le plus dur est derrière lui, mais il n’est déjà plus temps de rêver.
Au paradis des bookmakers, être coté à 16 contre 1 au coup d’envoi d’un match est rarement bon signe. Derek McInnes, le coach d’Aberdeen, a toutefois tenu à tempérer les ardeurs de ses supporters avant le match en décochant une phrase d’une ambiguïté sans pareille : «Daugava (NDLR : adversaire européen en 2014), on pensait qu’ils étaient meilleurs qu’ils ne l’étaient en réalité. Shkendija (NDLR : adversaire européen en 2015) , ils étaient meilleurs qu’on pensait qu’ils n’étaient. Tous deux étaient l’exact opposé des informations qu’on avait. Alors le Fola… on attendra de voir sur le terrain.»
Il a failli voir un peu trop vite à son goût : dès l’entame de match, un contre initié par un Kirch bouillant, qui sert de relais à Bensi, aboutit à une frappe décroisée intelligente… sur le poteau (5 e ). La veille, l’international lâchait à l’ Evening Express , gazette locale, qu’il vaudrait mieux «être efficace, parce qu’on n’aura que quatre ou cinq occasions» . Aïe…
Les Écossais remettent vite les choses à l’endroit et gagnent un nombre tellement conséquent de duels que, forcément, la pression s’accentue progressivement sur le but de Thomas Hym. Et tout ce que Jeff Strasser sait de son adversaire se retrouve confirmé très vite : les côtés sont surexploités par des gars qui ont de la technique et du coup de reins. Leurs centres sont un poison mortel. L’immense Stockley, au deuxième poteau, en remise d’ailleurs deux, qui sont autant de caviars. Sur le premier, McLean, seul aux six mètres, est contré miraculeusement par Klein (22 e ). Sur le second, Taylor pousse au fond mais l’arbitre de touche signale que le ballon est préalablement sorti (29 e ). Ouf…
C’était déjà difficile mais tout empire en deuxième période, avec le scénario que craignait Thomas Hym en montant dans l’avion : se retrouver dos à l’impressionnante tribune Richard Donald, avec plusieurs milliers de fans en train de pousser dans les temps forts du FC Aberdeen. C’est pourtant là qu’il va livrer les 45 minutes les plus héroïques de sa carrière européenne. Après une parade géniale sur sa ligne à la suite d’une tête sur corner de Considine (47 e ), il va boxer à l’horizontal un coup franc de McLean (53 e ), gicler devant Rooney – l’homme aux 38 buts en deux saisons pour Aberdeen – parti seul au but (57 e ) et opposer une main ferme au pied de son poteau à une tête de McGinn (61 e ).
Des arrêts de jeu mortels
Ça ne peut pas tenir comme ça bien longtemps. Rooney, seul au deuxième, trouve le poteau (67 e ). trente secondes plus tard, dans un énième attroupement devant le but du Fola, Logan décolle et expédie un ciseau en lucarne depuis les six mètres (1-0, 68 e ). Le foot sait heureusement être très cruel. Et autant le Fola ne méritait pas de se faire rejoindre un an plus tôt à Zagreb face au Dinamo (1-1), autant clouer le bec au Pittodrie Stadium trois minutes après l’ouverture du score ressemble à un merveilleux hold-up : Françoise fait la musique à son défenseur côté gauche et glisse en retrait à Klein, qui fusille Lewis (1-1, 71 e ). Aberdeen prend un coup sur le crâne. Le Fola a encore deux énormes occasions mais ne les exploite pas. Il a tort. Il n’y a pas de mal à repartir avec un succès même quand on ne le mérite pas.
Hym sort une nouvelle claquette monumentale (74 e ), l’arbitre annule un autre but pour une poussette dans la surface (84 e ). Le troisième sera le bon : après avoir levé son drapeau pour un hors-jeu sur un tir de McGinn, que son coach tenait tant à faire revenir sans lui laisser de vacances après l’Euro, l’arbitre de touche se ravise et valide le but (2-1, 92 e ). M. Kristoffensen a accordé… sept minutes d’arrêts de jeu. Deux étaient déjà de trop. Les cinq suivantes vont tout faire basculer un peu plus sur une main dans sa surface de Bensi sur le onzième corner de la deuxième période (!). Rooney transforme le penalty (3-1, 95 e ). Terriblement logique.
De notre envoyé spécial à Aberdeen, Julien Mollereau
ABERDEEN – FOLA 3-1 (0-0)
Pittodrie Stadium. Pelouse excellente. Arbitrage de M. Kristoffersen (Dan). 12 570 spectateurs.
Évolution du score : 1-0 Logan (68e), 1-1 Klein (71e), 2-1 McGinn (90+2), 3-1 Rooney (90+5).
Cartons jaunes : Logan (79e) à Aberdeen. Laterza (28e), Martino (52e), Kirch (53e), Françoise (79e), Gerson (89e), Bensi (90+5) au Fola.
ABERDEEN : Lewis – Logan, Taylor, Considine, Shinnie – Flood (56e Rooney), Jack – McGinn, McLean, Hayes – Stockley.
FOLA : Hym – Martino, Klein, Bernard (70e Sacras), Kirch (81e Mahmutovic) – Laterza (67e Gerson), Dallevedove, Muharemovic, Françoise – Bensi – Hadji.
Hym aura été héroïque
Dans une ambiance chaude, le portier a fait plus que le boulot : il a sauvé les siens d’un naufrage. Littéralement.
LA DÉFENSE
Hym 8 : dans les airs, il a très bien fait le boulot. Une parade géniale sur sa ligne (47 e ) et un raté sans conséquence (52 e ). Des relances plus précises auraient bien aidé mais on ne va pas faire la fine bouche.
Martino 5 : dur, dur, mais il s’est accroché.
Klein 8 : comme s’il s’agissait d’un match de DN. Présent au duel, sobre. Il contre miraculeusement le tir de McLean (22 e ) et est là pour fusiller Lewis et égalise.
Bernard 6 : une partie très solide et de la présence dans la surface. Mais que de difficultés à la relance. Remplacé par Sacras (70 e ) , très bien entré et qui a gagné des duels pour son dépucelage.
Kirch 7 : presque parfait défensivement et offensivement. Remplacé par Mahmutovic (81 e ) .
LE MILIEU
Laterza 5 : deux fulgurances offensivement, mais parfois pas assez de vice dans les positions avantageuses. Remplacé par Gerson (67 e ) , en retard sur l’action qui amène le corner du but.
Dallevedove 3 : pas en verve et carrément hors sujet sur deux énormes occasions de 1-2 à l’entrée du dernier quart d’heure.
Muharemovic 5 : précieux sur phases arrêtées mais pas encore totalement dans le coup. Logique : il ne pouvait pas avoir directement l’aura d’un Souto.
Françoise 6 : un gros boulot défensif, effectué sans fioritures. Et quelques bons relais devant jusqu’à son coup de génie du but.
L’ATTAQUE
Bensi 6 : il trouve le poteau (5 e ) sur une action d’école. Il ne s’est jamais caché dans la construction. Dommage, cette main qui coûte un penalty dans les arrêts de jeu.
Hadji 4 : des difficultés à s’imposer dans le jeu aérien, ce qui n’a pas aidé à faire relâcher la pression, le ballon revenant vite.
J. M.