Le Fola défie Aberdeen ce jeudi soir (20h45) en Ecosse lors du 1er tour aller de l’Europa League. En se demandant s’il est seulement la proie ou s’il a une chance de devenir le chasseur.
Le combat que les Écossais vont imposer au Fola n’augure rien de bon. Mais cette équipe d’une qualité supérieure au onze eschois est assez à la portée du vice-champion du Luxembourg pour qu’il se permette de rêver.
Tous les ans, il faut réécrire la même chose et ça devient lassant : le Fola n’a pas de chance au tirage. À force de façonner un groupe capable de passer un tour et de se faire systématiquement contrarier par un saladier et quelques boules bien provocantes posés dans un amphithéâtre de Nyon chaque mois de juin, Jeff Strasser et ses gars perdent un temps précieux.
Vu leur niveau de performance des cinq dernières saisons, ils devraient déjà être depuis longtemps têtes de série en Europa League. Il n’y a pas de justice.
Cet été donc, ce sera Aberdeen. Un immense point d’interrogation. On sait sans l’ombre d’un doute qu’individuellement ça ne tient pas la comparaison avec les Croates du Dinamo Zagreb d’il y a un an, auxquels le Fola avait failli jouer un bien vilain tour (1-1 à l’aller).
Mais paradoxalement, c’est peut-être bien plus dangereux : ces Écossais sont une merveilleuse caricature du football british. Ils ne jurent que par les duels en un contre un, le jeu direct, les ballons mis dans la boîte faits pour être coupés…
Bref, les Eschois, impeccables de rigueur en 2015, quasi sans faille tactiquement au Maksimir, vont devoir réadapter leur style européen à ce nouveau défi. Dommage : on aimait bien les voir assez pros pour contrarier un cador continental. Et il était moins aléatoire de compter sur le sérieux contre le Dinamo que sur le sens du combat face à Aberdeen.
Tout peut arriver, mais qu’est-ce qui va arriver?
Dans le genre de match qui les attend ce soir au Pittodrie Stadium, devant plus de 10 000 spectateurs, tout peut arriver. Heureusement? Ou malheureusement? Il faudra se battre sur les premiers ballons et presque autant sur les deuxièmes ballons, car les hommes de Derek McInnes vont les emmener sur leur terrain favori, celui qu’ils maîtrisent. Cela peut très mal se passer en cas d’erreur individuelle (il n’y a presque que les hommes qui peuvent faillir dans un tel contexte), ou très bien aussi : les défenseurs d’Aberdeen sont lents, les attaquants du Fola très rapides : il suffirait que l’un d’eux remporte le bon duel au bon moment pour voir s’ouvrir des espaces béants dans l’arrière-garde écossaise.
« Ça va partir à cent à l’heure , confirme Jeff Strasser. Il faudra être prêt dans les têtes et pas surpris par l’ambiance. Je suis persuadé que l’équipe en est capable, qu’elle saura réagir et trouver les solutions. On n’était pas non plus habitués à jouer contre des équipes comme l’IFK Göteborg ou le Dinamo Zagreb mais on s’est adaptés. »
Oui mais c’était moins fou, plus prévisible, cela nécessitait une réponse cérébrale, pas viscérale. Là-dessus, Jeff Strasser et ses hommes n’ont pas totalement de prise. On veut pourtant croire qu’ils ont et le talent et le culot nécessaires pour survivre au Pittodrie Stadium et envisager l’exploit au retour.
Julien Mollereau, envoyé spécial à Aberdeen