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[Euro 2016] – Sur les traces de… Zlatan, enfant du FBK Balkan


Zlatan Ibrahimovic conduira la sélection suédoise à l'Euro-2016, dans un groupe E très relevé avec l'Italie, la Belgique et l'Irlande. (photo AFP)

« Dans notre équipe, ceux nés en 1980-1981, on venait tous de l’ex-Yougoslavie », se souvient Ivan Milosevic, dirigeant du Fotbollsklubb (FBK) Balkan. C’est dans ce club d’un quartier populaire de Malmö que Zlatan Ibrahimovic, né d’une mère d’origine croate et un père bosnien, a usé ses premiers crampons.

« Zlatan, tout le monde sait qui c’est. Par contre, le roi tout le monde ne sait pas! », s’amuse Ivan Milosevic, qui a joué avec la star, enfant, et entraîne aujourd’hui la seule équipe du club, en quatrième division. « Pour nous, c’est énorme de jouer pour son premier club », s’enorgueillit Max Skarpas Torres, un défenseur de 19 ans qui arbore le même maillot où se côtoient les drapeaux de la Suède et de l’ex-Yougoslavie. Fondé en 1962 par des immigrés yougoslaves, « Balkan » se présente comme le plus vieux club communautaire d’Europe.

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Bon an mal an, le club traverse les époques mais est aujourd’hui un peu à la peine, n’ayant pas réussi à attirer les migrants arabophones désormais majoritaires à Rosengard, cité populaire de Malmö. Quand Zlatan y débarque à six ans, l’équipe s’entraîne trois fois par semaine et joue des matches le week-end. « On était plutôt bons et ça, ça plaisait à Zlatan », sourit M. Milosevic. Crime de lèse-majesté, lors d’un entraînement, « Ibra » se retrouve dans les buts. « Ça a du arriver une fois. C’était chacun son tour », se remémore le dirigeant. Car, évidemment, Zlatan a toujours préféré l’attaque. « La seule chose qu’il voulait, c’était marquer. Alors parfois, il écoutait les entraîneurs, mais parfois il n’en faisait qu’à sa tête », ajoute le patron du FBK.

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Sur le maillot, se côtoient les drapeaux de la Suède et de l’ex-Yougoslavie. (photo AFP)

« Môme turbulent, pas vraiment bon »

Mêmes souvenirs pour Hasib Klicic. L’ancien entraîneur se rappelle d’un « môme turbulent. Pas vraiment bon, mais il voulait tout le temps jouer ». Cette persévérance un brin égoïste est la clé de son succès. Parce que déjà enfant, Zlatan n’était pas vraiment un joueur d’équipe. « Du matin jusqu’au soir, il s’entraînait balle au pied, dribblait, feintait, jouait, jouait, jouait ». « Il aimait le ballon plus que tout. Je crois même qu’il dormait avec. Il ne le lâchait jamais » ajoute-t-il. « Avec un copain, il se battait pour marquer ».

 "You can take a men from Rosengard but you can't take Rosengard from a men".  / AFP / JONATHAN NACKSTRAND

Une citation de Zlatan Ibrahiomovic : « Vous pouvez prendre un homme à Rosengard, mais vous ne pouvez pas enlevez Rosengard à un homme. » (photo AFP)

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Mais plutôt que de céder à l’amertume, comme d’autres anciens du club qui reprochent à Zlatan de les avoir oubliés dans son succès, Ivan préfère se souvenir du gamin terriblement déterminé. Et c’est ce message qu’il transmet aux jeunes désireux de ne pas rester sur le banc. « Si on veut et qu’on donne tout, il y a une chance qu’on devienne comme Zlatan Ibrahimovic », résume Dino Dulji, joueur de 24 ans. Car pour les gamins de ce quartier miné par le chômage, « Ibra » ne peut être qu’un modèle, l’archétype du fils d’immigrés qui après avoir grandi dans des conditions difficiles s’est hissé au firmament du foot mondial.

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Fondé en 1962 par des immigrés yougoslaves, « Balkan » se présente comme le plus vieux club communautaire d’Europe. (photo AFP)

 

« Résultat brillant »

« Pour les enfants et les jeunes de Malmö, il montre qu’on peut monter les échelons, qu’on peut devenir quelqu’un dans la vie », insiste Ibrahim, 26 ans. Ce n’était pourtant pas gagné. Après « Balkan », Zlatan a rejoint le club de Malmö en 1994 pour ses débuts professionnels. « Il était bon, mais on n’en était pas à se dire: Wahoo, qu’est-ce que c’est que ce phénomène! Ça a commencé lentement, mais le résultat est brillant! », rappelle Ola Gällstad son entraîneur dans l’équipe réserve. Aujourd’hui, Rosengard en est si fière qu’elle orne ses murs de son sourire: Zlatan, flamboyant capitaine de l’équipe suédoise, est bel et bien ici plus qu’un roi. Une légende. Même s’il met désormais très rarement les pieds dans cette enclave urbaine où les immeubles en brique rouge succèdent aux espaces verts.

"Il était bon, mais on n'en était pas à se dire: Wahoo, qu'est-ce que c'est que ce phénomène! Ça a commencé lentement, mais le résultat est brillant!", rappelle Ola Gällstad son entraîneur dans l'équipe réserve. (photo AFP)

« Il était bon, mais on n’en était pas à se dire: Wahoo, qu’est-ce que c’est que ce phénomène! Ça a commencé lentement, mais le résultat est brillant! », rappelle Ola Gällstad son entraîneur dans l’équipe réserve. (photo AFP)

Camarade de classe d’une soeur ou d’un oncle, ancien voisin, petits et grands font facilement étalage de leur proximité avec le héros local, surtout depuis qu’il a fait construire un terrain de foot à son nom. Dès la sortie de l’école, les gamins tapent dans le ballon sur le « Zlatan Court », dont l’enceinte est balafrée par la virgule dorée d’une célèbre marque d’équipementier sportif, sponsor du numéro 10. Eux aussi rêvent d’une carrière ponctuée de gloire et d’argent.

photo AFP

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Le Quotidien / AFP