Et revoilà les fans à problèmes, « des terroristes du sport » même selon Ante Cacic: la Croatie, qui menait 2-1, a concédé le nul face à la République tchèque (2-2) dans un match brièvement interrompu par le jet de fumigènes et d’un pétard venus de la tribune croate, vendredi à Saint-Etienne.
La Croatie avait fait le plus dur pour s’offrir le chemin des huitièmes de l’Euro-2016, mais a été pénalisée par celui qui est censé être son plus grand soutien: son 12e homme dans les tribunes.
A la 86e, les stadiers ont dû rentrer sur le terrain pour évacuer les fumigènes. C’est alors qu’un pétard a été lancé en direction d’un stadier, visiblement étourdi par la détonation. Une bousculade a également eu lieu avec des stadiers au moment de l’interruption de la rencontre, tandis que des supporters croates se sont échangés des coups dans la tribune d’où les jets sont partis. Le match a repris quatre minutes plus tard.
« Ce ne sont pas des supporteurs, mais des terroristes du sport », a fustigé le sélectionneur Ante Cacic, qui s’est dit « très triste » de la tournure des événements alors que son équipe « a joué un aussi bon match ».
Et dire qu’en début de tournoi, le capitaine croate Srna avait eu les mots suivants: « Le soutien des supporters est très important pour nous et comme lors du Mondial-1998 en France, nous espérons un grand engouement. J’espère qu’ils seront corrects. Et je suis sûr qu’il n’y aura pas de problèmes ». Le message n’a pas été entendu.
Les excuses de Rakitic
Alors qu’Ivan Perisic avait ouvert le score (37e) avant qu’Ivan Rakitic ne double la mise (59e), la Croatie a laissé échapper la victoire. Les Tchèques, qui avaient réduit le score par Skoda (76e), ont arraché l’égalisation sur le fil, profitant de Croates déstabilisés par l’interruption du match pendant quatre minutes après les perturbations venues du kop croate.
L’UEFA, l’instance européenne organisatrice de l’Euro-2016, a annoncé qu’une procédure disciplinaire allait être ouverte, après ces incidents.
« On parle de 5 à 10 individus, j’espère qu’on pourra les appréhender et que la fédération croate va tout faire pour les arrêter. Ce sont des gens qui font peur, c’est pour ça qu’on les appelle les hooligans », a ajouté Cacic.
Le milieu Ivan Rakitic, buteur lors de la rencontre, a de son côté présenté « ses excuses » à l’UEFA et à toutes les personnes ayant vu ces incident.
« Peut-être qu’on sera obligé de jouer des matches à huis clos mais encore une fois ce qui s’est passé est à cause de supporters stupides et non de la majorité », a-t-il dit.
Et dire que la soirée aurait pu être très belle pour les Croates. Qualifié de « tiki-taka » en plus rapide par le capitaine tchèque Rosicky, le style de jeu croate avait fait forte impression en brisant le bloc de son adversaire beaucoup plus rapidement que ne l’avait fait l’Espagne au match précédent.
Etouffés par le pressing de Modric, sorti par précaution à la 62e, et surtout Badelj, le ratisseur de ballons, les Tchèques ont multiplié les pertes de balles dans leur camp. Sur l’une d’elles, Perisic ne s’est pas fait prier pour entrer dans la surface et tromper Cech, d’une frappe croisée du gauche (37e).
Les larmes de Srna
Signe de l’esprit de solidarité qui règne dans le groupe croate, l’ailier de l’Inter Milan est directement allé vers son banc de touche pour dédier son but à Marijan Mrmic, l’entraîneur des gardiens, qui a perdu son père durant la semaine du match.
Pendant l’hymne national, le capitaine croate Srna, qui a fait l’aller-retour cette semaine entre son pays et la France pour assister aux funérailles de son père, n’a, lui, pas pu retenir ses larmes tant l’émotion était forte. Deux belles images écornées et jetées aux oubliettes par le comportement de leurs propres « supporters » en fin de match.
Au retour des vestiaires, les Tchèques, qui avaient promis d’attaquer, ont cédé de nouveau sur un bijou de Rakitic (59e). Seul face à Cech, le milieu du Barça ne lui a laissé aucune chance avec une astucieuse balle piquée.
Mais après la réduction du score par Skoda de la tête, à la réception d’un bijou de centre de l’extérieur du « petit Mozart » Rosicky (76e), les Croates se sont écroulés de manière incompréhensible. Dans une fin de match confuse, la défense croate a concédé un pénalty, transformé par Necid (90+3). Une soirée gâchée sur tous les plans.
Le Quotidien / AFP
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