Reykjavik a espéré, déchanté, puis fait la fête dimanche soir malgré l’élimination de l’Islande face à la France (5-2) en quarts de finale de l’Euro, point final d’un tournoi qui restera gravé dans l’histoire du pays.
Quand, après le coup de sifflet final, les Islandais quittent le parc où ils ont regardé la rencontre sur un écran géant, ils ont le sourire. Et ils chantent encore.
Leur équipe est passée à côté de la première période (4-0), mais elle aura réjoui une dernière fois ses supporters dans cet Euro-2016. «Je suis simplement fière de l’équipe. Le pays était debout, uni derrière eux. Je suis vraiment heureuse», dit Birta Omarsdottir, 18 ans. Dans les rues de la capitale, sous un beau soleil qui ne doit pas se coucher avant minuit, une fête de plus peut commencer, malgré la défaite.
L’Islande a offert, une fois de plus, l’image d’un pays joyeux et optimiste. Une foule impressionnante, des dizaines de milliers de personnes, marée humaine parée de bleu, a communié avec ses joueurs devant l’écran géant, dans la défaite comme dans les victoires qui ont précédé. La pente du parc fait penser à une très grande tribune derrière un but. On n’en voit pas de telle en Islande: le plus grand stade du pays, le Laugardallsvöllur, accueille au maximum 15 000 spectateurs.
« Aïe… Aïe… »
L’émotion étreint en début de retransmission la voix du commentateur Gudmundur Benediktsson, encore monté dans les aigus qui l’ont rendu célèbre. Hélas, la défense craque bien vite. 1-0… 2-0… Il apparaît vite que l’Islande n’arrive pas à rivaliser. Et Benediktsson descend d’une octave. «Aïe… Aïe… Aïe…», lance-t-il après le 3-0. À la pause (4-0), les spectateurs accusent le coup. «Je ne pensais pas qu’il y aurait une telle différence. Je ne sais pas vraiment ce qui n’a pas marché cette fois-ci», constate Sigthor Constantin Johannsson.
Mais pas un sifflet, pas une critique. Les mécontents, les plus déçus quittent le parc. Ils ont tort. En seconde période, pour l’honneur, l’Islande marque deux fois. Des buts célébrés comme s’ils étaient décisifs. Il n’en faut pas plus pour regonfler le moral de tout un peuple. «Áfram Íslaaand!… Áfram Íslaaand!…», crie la foule, parfois synchrone avec le Stade de France, parfois non.
«Ils ont donné tout ce qu’ils avaient. On a fait de notre mieux, même si ce soir le mieux n’était pas assez. C’est l’esprit islandais. Je suis très fier», souligne Gylfi Thor Sigthorsson. Les quelques touristes français qui se sont glissés dans la foule ne peuvent que saluer la joie de vivre de leurs hôtes. «C’était fantastique. On est arrivés hier et on tombe dans cette superbe ambiance. Ils sont géniaux, fair-play. J’étais dans un bar au début du match et quand les Islandais voyaient mon maillot, ils venaient m’embrasser, trinquer avec moi… Incroyable», raconte Yann Bicaïs, 31 ans.
Les héros doivent revenir en Islande dès lundi et traverser la capitale en bus à impériale en fin d’après-midi. D’après les organisateurs, il devrait y avoir toujours autant de monde, si ce n’est plus. «On a fait un super tournoi. On en avait besoin, parce que nous étions divisés après la crise financière. Cette équipe, c’est quelque chose qu’on a en commun», souligne Andri Thorleifsson.
Le Quotidien/AFP