L’Église protestante Maohi, qui regroupe les protestants de Polynésie française, va attaquer la France pour crimes contre l’humanité, en raison des conséquences des essais nucléaires dans l’archipel, a-t-elle annoncé à Tahiti en conclusion de son 132ème synode.
«Pour toutes les conséquences des essais nucléaires, et pour son mépris face à toutes les maladies endurées par les Polynésiens, l’Église protestante Maohi a décidé de porter plainte contre l’Etat français au tribunal de La Haye», a annoncé dimanche devant les fidèles Céline Hoiore, la secrétaire générale de cette église. Cette plainte doit aussi être présentée à l’ONU. Les Polynésiens sont presque tous chrétiens, répartis dans de nombreuses églises, mais protestants et catholiques sont majoritaires. La puissante église protestante prend régulièrement des positions à connotation politique et s’est déjà opposée aux essais nucléaires. Avec cette plainte, elle durcit le ton.
Le principal opposant politique aux essais nucléaires, Oscar Temaru, a salué une décision «historique». «C’est un crime contre l’humanité parce que les essais nucléaires français nous ont été imposés, il y a eu des morts, et il y aura encore les générations futures qui vont souffrir de ces essais nucléaires» a déclaré le leader indépendantiste à la presse locale. Le président de l’Eglise protestante Maohi a exprimé un point de vue similaire, le soir même sur la chaîne locale TNTV : «Ce n’est pas une histoire passée, c’est une histoire qui va durer des milliers d’années».
«Nous allons aller exposer notre division face aux Nations-Unies, je pense qu’il faut d’abord nous mettre tous d’accord, et nous serons alors plus forts», a au contraire estimé l’ancien président autonomiste Gaston Flosse, qui a défendu les essais lorsqu’il était au pouvoir. Les Polynésiens demandent l’indemnisation des patients touchés par des maladies radio-induites, la pérennisation de la dette nucléaire (un versement de l’Etat qui a baissé à plusieurs reprises depuis la fin des essais), ou encore la création d’un mémorial. Le Président François Hollande s’était engagé à accéder à ces requêtes lors de sa venue à Papeete en février.
Alain Juppé, venu fin juillet en Polynésie, a également pris des engagements en ce sens, dans l’hypothèse où il accéderait au pouvoir. L’association 193 (en référence aux 193 essais nucléaires réalisés en Polynésie française entre 1966 et 1996) assure avoir recueilli plus de 45 000 signatures, dans une collectivité qui compte environ 190 000 électeurs, pour demander l’organisation d’un référendum local sur la question nucléaire.
Le Quotidien/afp