L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait pointé dès 2005 des problèmes à l’usine de gros composants nucléaires du Creusot (Saône-et-Loire), rachetée l’année suivante par Areva qui y a fabriqué la cuve du réacteur EPR de Flamanville, ont rapporté vendredi France Inter et franceinfo.
Dans une lettre du 16 décembre 2005 adressée à EDF, l’ASN soulignait des difficultés dans cette usine, où elle disait avoir constaté « de nombreux écarts », selon le document cité par les deux radios. Des problèmes également évoqués dans un courrier du 16 mai 2016 faisant suite à une inspection du site le mois précédent: l’autorité indépendante y dit avoir établi 16 constats et rappelle qu' »en 2005, les fabrications des équipements sous pression nucléaires du forgeron Creusot Forge ont été émaillées de nombreux incidents ».
« La période du début des années 2000 est une période où la forge rencontre de grandes difficultés », et la forge était alors « sous surveillance renforcée de l’ASN », a confirmé son directeur général adjoint, Julien Collet. C’est dans cette usine, rachetée en 2006 par Areva, que le groupe nucléaire français a fabriqué le couvercle et le fond de la cuve de l’EPR en construction par EDF à Flamanville, où une anomalie dans la composition de l’acier a été décelée. « Dès le rachat de Sfarsteel en 2006, Areva a mis en œuvre des actions pour amener l’usine aux standards du groupe Areva et de l’industrie nucléaire », a indiqué le spécialiste de l’atome dans une réaction écrite. Il a précisé y avoir investi 200 millions d’euros depuis cette opération et doublé les effectifs, à 250 personnes.
Cuve de réacteur fragilisée
La découverte d’une concentration en carbone excessive susceptible de fragiliser la cuve de l’EPR de Flamanville avait justifié le lancement d’un audit qualité de l’usine en avril 2015. Il a mis au jour des irrégularités dans les dossiers de suivi de fabrication de pièces forgées, certaines d’entre elles s’apparentant à des falsifications, selon l’ASN. Depuis, Areva dit avoir « renforcé la traçabilité des fabrications en cours et de l’enregistrement des données » et être en train de déployer sur le site « un plan d’amélioration de la qualité » qui intègre les demandes d’informations complémentaires et les actions correctives demandées par l’ASN.
De son côté, le groupe EDF a dit qu’il s’était « assuré que son fournisseur mettait bien en œuvre les plans d’actions décidés » à la suite des nombreuses inspections de l’ASN. Pour la période 2005-2006, l’électricien dit avoir mené « des actions vigoureuses » au Creusot, notamment « des audits du système qualité du fournisseur » et mis en place d’inspecteurs d’EDF dédiés. Il a par ailleurs souligné que la calotte et le fond de la cuve de l’EPR « ont été fabriqués selon un référentiel de qualification très exigeant, basé sur les codes de construction nucléaires applicables à ce moment-là ». L’ASN devra se prononcer sur la conformité de la cuve cet été.
Le Quotidien/AFP