Fauchée par une intoxication alimentaire généralisée, l’équipe de Luc Holtz a préparé son match face au Belarus au milieu des vomissements et diarrhées de 80% de l’effectif. Un exploit est-il possible dans ces conditions?
Jamais, dans la journée d’hier, pourtant très agitée, la FLF n’a, dit-elle, pensé à faire remettre la rencontre de ce soir. L’UEFA, qui ne dispose pas de règlement en la matière, est restée à l’écoute jusque après l’entraînement de la soirée mais la volonté des joueurs de disputer le match était au-dessus d’une bactérie, si puissante soit-elle. «D’autant plus qu’hier soir, tout était à peu près rentré dans l’ordre concernant l’état de forme des joueurs», assurait le chef de presse Marc Diederich.
L’histoire ne dit pas encore si le cuistot de l’Hôtel Renaissance de Minsk a eu autant son mot à dire dans la composition de l’équipe luxembourgeoise de ce soir que Luc Holtz lui-même, mais il est certain que sa sauce bolognaise du dîner de dimanche va semer le doute pendant un petit bout de temps. L’intoxication alimentaire généralisée qui en a découlé n’empêchera pas le déroulement normal de cette 8e journée des éliminatoires de l’Euro dans le groupe C, mais il est indéniable qu’elle aura son rôle à jouer sur les choix du sélectionneur, qui anticipe que «si certains ne sont pas revenus à 100 %, alors oui, il faudra des changements dans mon plan de jeu».
Impossible, en effet, de ne pas envisager que la plage de récupération des Roud Léiwen, déjà singulièrement réduite avec seulement 72 heures entre la victoire face à la Macédoine (1-0) et ce déplacement au Belarus, soit suffisante avec une nuit passée sur ou au-dessus des toilettes pour la plupart des joueurs. Quatre garçons s’en sont mieux sortis que les autres, ce sont ceux que les pâtes sans sauce ne rebutent pas : Jänisch, Joachim, Da Mota et Gerson. Génial : il s’agit a priori de quatre titulaires potentiels et cela tranche vraisemblablement le cas du premier cité, maintenu par précaution sur le banc samedi soir contre les Macédoniens pour une énième alerte musculaire et qui postulait justement à un retour dans le onze de base.
Vous dites «nausée», Holtz répond «orgueil»
Restent les 16 autres dont Jonathan Joubert, apparemment l’un des plus touchés mais qui n’inquiète pas le sélectionneur : «Je le connais, il voudra jouer à tout prix. Et puis pour un gardien, les efforts physiques ne sont pas les mêmes. Ils fonctionnent surtout sous le stress, au mental…» Le mental justement, c’est la valeur refuge derrière laquelle toute l’équipe s’abrite aujourd’hui. Au milieu de la maladie, cachée sous la nausée et le papier toilette, Luc Holtz a senti «une grande volonté de jouer». «Certains ne sont pas allés en promenade parce qu’ils ne pouvaient pas sortir des toilettes, sourit-il, mais si les Biélorusses ont désormais un avantage physique sur nous, il arrive parfois que l’esprit, le mental, l’orgueil fassent la différence.»
Le Belarus, ce soir, sera dans une posture compliquée. Il y a trois jours, contre l’Ukraine à Lviv, elle a joué son dernier joker dans l’espoir de rêver encore, même vaguement, à la 3e place qualificative pour les barrages. Elle a donc fait la folle, pressé haut, tenté le tout pour le tout. Résultat : elle a été balayée (3-1) et a tout perdu… sauf sa 4e place, qu’elle n’occupe aujourd’hui que grâce à un meilleur goal-average sur les Roud Léiwen. L’équipe d’Aleksandr Khatskevich n’a plus rien à gagner ce soir, mais tout à perdre de la visite du Grand-Duché, si malade soit-il. «Ils restent favoris», jure Holtz, qui ne se priverait sans doute pas de grimper encore dans la hiérarchie du groupe C puisque personne n’a jamais fait mieux qu’une avant-dernière place de groupe, pas même la génération 1995 et ses 10 points. Quatrième, ça aurait de la gueule mais gagner à Borisov, ce soir, ne serait pas un aboutissement. Il restera deux journées derrière et peu d’espoir de prendre des points face aux Espagnols et aux Slovaques en octobre, mais tout de même : il y aurait une lumière au bout des toilettes…
De notre envoyé spécial à Minsk Julien Mollereau