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Élection de Macron : et maintenant, la bataille des législatives…


"Macron est un colosse aux pieds d'argile, élu sans envie ni enthousiasme", juge le vice-président du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez. (photo AFP)

À peine élu à la tête de la France, Emmanuel Macron se lance dans la bataille cruciale des législatives des 11 et 18 juin, où la droite espère prendre sa revanche, la gauche éviter la déroute, et l’extrême droite entrer en force à l’Assemblée.

Pour gouverner, le jeune centriste pro-européen qui a remporté la présidentielle avec 66% des voix face à l’extrême droite a besoin d’une majorité claire à l’Assemblée: les députés doivent en effet voter la confiance au nouveau Premier ministre et au gouvernement formé dans la foulée des élections.

Emmanuel Macron, qui a connu une ascension fulgurante alors qu’il était encore inconnu il y a trois ans, fait le pari que les Français lui donneront une majorité, comme ils l’ont toujours fait avec un nouveau chef d’Etat. « Cette majorité de changement, c’est ce à quoi le pays aspire et c’est ce qu’il mérite », a-t-il assuré dimanche soir.

Pour Jérôme Sainte-Marie, de l’institut Polling Vox, Emmanuel Macron a « un atout »: « Il est compatible avec une partie de la gauche et une partie de la droite ». Selon un sondage, le jeune mouvement En Marche! de M. Macron, créé en avril 2016, recueillerait entre 24-26% au premier tour des législatives, devant la droite Les Républicains (22%), le Front national (21-22%), la gauche radicale (13%-15%) et le parti socialiste (8-9%).

Mais toute projection est périlleuse, du fait de la recomposition politique en cours, des jeux d’alliance et ralliements possibles jusqu’à la date limite de dépôt des candidatures le 19 mai et du mode de scrutin qui permet à plus de deux candidats d’être qualifiés au second tour s’ils ont obtenu suffisamment de suffrages au premier, à la différence de la présidentielle.

Le nouveau président a promis de dévoiler « en tout début de semaine » ses candidats dans les 577 circonscriptions, promettant qu’ils seront pour moitié des nouveaux venus en politique, issus de la société civile. Outre l’accord avec le vétéran centriste François Bayrou, il tente de débaucher des personnalités socialistes ou de droite, qui se présenteraient sous l’étiquette « majorité présidentielle ».

La composition du gouvernement intérimaire, qui doit être annoncée après son investiture, influencera aussi les électeurs pour ce scrutin souvent qualifié de « troisième tour » décisif de la présidentielle.

« Colosse aux pieds d’argile »

Emmanuel Macron doit « impérativement tendre la main » et adresser des « gestes » aux électeurs de la droite et du centre, a estimé l’ancien ministre de droite Bruno Le Maire, qui a fait une offre de service dès dimanche soir. Mais la défaite au premier tour des partis traditionnels de gauche et de droite n’augure pas forcément de la défaite de leurs élus, enracinés localement.

Notamment à droite: le politologue Philippe Braud analyse la défaite à la présidentielle surtout comme un « échec personnel » pour François Fillon, après son inculpation pour « détournement de fonds publics » dans une affaire d’emplois présumés fictifs. Les Républicains espèrent obtenir une majorité aux législatives, imposer une cohabitation et obliger le président à désigner un Premier ministre de leur camp. « Macron est un colosse aux pieds d’argile, élu sans envie ni enthousiasme », juge le vice-président du parti Laurent Wauquiez.

De son côté, l’extrême droite espère bénéficier de la dynamique de la présidentielle, qui a permis à Marine Le Pen d’obtenir 10,6 millions de voix au second tour, un record. Le Front national se voit déjà comme « le premier parti d’opposition », mais rien ne permet de dire s’il pourra obtenir assez de sièges à l’Assemblée, le mode de scrutin majoritaire à deux tours lui restant défavorable. Il ne compte actuellement que deux députés.

Fort de ses sept millions de voix au premier tour, le tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon souhaite former une majorité pour « rompre avec le passé », mais il n’a encore conclu aucune alliance à gauche dans ce but. « Si de nombreux députés dans la mouvance de Jean-Luc Mélenchon sont élus, on pourrait avoir une chambre ingouvernable », prévient toutefois Philippe Braud.

Laminé le 23 avril dernier, le parti socialiste reste dans la division: Benoît Hamon (6,35% des voix au premier tour) veut présenter des candidatures communes avec la gauche radicale, l’ancien Premier ministre Manuel Valls veut peser dans la majorité présidentielle.

Le Quotidien / AFP