Le Premier ministre français Manuel Valls a martelé mardi sa volonté de « convaincre » les Français et les parlementaires que la réforme du droit du travail, décriée à gauche et par les syndicats, était « utile » pour lutter contre le chômage, et promis qu’il irait « jusqu’au bout ».
Interrogé sur RTL sur l’éventualité d’un recours au 49-3 pour faire passer le projet de loi de la ministre du Travail Myriam El Khomri, Manuel Valls a jugé qu’il n’était « pas sûr que ce soit la question essentielle ».
« Nous vivons avec un chômage de masse depuis 30 ans », la France compte aujourd’hui 3,5 millions de chômeurs, « c’est vers eux que je veux me tourner », a déclaré le Premier ministre.
Le texte a été « arbitré », envoyé au Conseil d’Etat, va passer au conseil des ministres le 9 mars, avant d’arriver à l’Assemblée, où « le débat va se poursuivre » à partir du 4 avril, a-t-il rappelé. Et il a de nouveau assuré : « Moi, je veux convaincre d’abord les Français » mais aussi les parlementaires et les partenaires sociaux que « cette réforme est utile » et qu’il faut sortir « d’un certain nombre de blocages ».
Il a indiqué qu' »il y aurait des amendements » à l’occasion du débat parlementaire.
« Pourquoi préjuger de l’intelligence collective », a demandé le Premier ministre, en appelant à un débat « serein » et en souhaitant que l’on soit « capable de dépasser les clivages traditionnels ».
« J’irai jusqu’au bout », a répondu le Premier ministre à un auditeur de la radio, chef d’entreprise, qui lui demandait s’il résisterait à la « pression sociale » pour l’adoption de ce texte
« Je ne suis pas troublé par le débat », y compris au sein du gouvernement, a aussi assuré Manuel Valls à propos des doutes exprimés notamment par Ségolène Royal ou Marisol Touraine, tout en demandant aux ministres de « s’engager pleinement » car c’est « un défi considérable pour la France ».
Car cette loi est « un message de confiance aux entrepreneurs et aux salariés », a-t-il estimé, en démentant qu’il s’agisse de « sacrifices » imposés aux salariés.
Ce texte intègre « ce qui n’a jamais été fait », le compte personnel d’activité (CPA) « qui donnera à chaque salarié, à chaque travailleur, quel que soit son statut, la capacité de poursuivre, de construire son parcours professionnel », a souligné le Premier ministre.
Le projet de loi El Khomri prévoit notamment la primauté des accords d’entreprises en matière de temps de travail, la possibilité de référendums pour valider des accords minoritaires, une sécurisation juridique du licenciement économique pour les entreprises, des indemnités prud’homales plafonnées en cas de licenciement abusif et un recours facilité au forfait-jour dans les petites entreprises.
Côté sécurisation des salariés, il crée le CPA pour attacher une série de droits sociaux (formation, pénibilité) à la personne, et non au statut, et instaure un « droit à la déconnexion ».
Le Quotidien / AFP