La justice française a relaxé ce lundi deux policiers qui étaient poursuivis pour non-assistance à personne en danger, après la mort de deux jeunes à Clichy, une banlieue déshéritée de Paris, à l’origine en 2005 d’une vague d’émeutes urbaines dans le pays.
Les deux policiers, un homme et une femme, étaient poursuivis pour non-assistance à personne en danger, après la mort le 27 octobre 2005 de Bouna Traoré, 15 ans, et Zyed Benna, 17 ans, par électrocution à l’issue d’une course-poursuite. Les fonctionnaires encouraient jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende.
Quelques proches des familles des victimes ont laissé échapper leur colère lundi à l’annonce de la relaxe des deux policiers. « C’est choquant! » a aussitôt réagi à la sortie de l’audience l’avocat des familles des deux jeunes décédés, Me Jean-Pierre Mignard. De son côté, l’avocat des deux policiers, Me Daniel Merchat, a en revanche estimé que cette relaxe reflétait « ce que la défense soutient depuis le début ».
Juste après la fin de l’audience, la femme du policier, Sébastien Gaillemin, est entrée dans la salle pour rejoindre son mari et a fondu en larmes. L’audience s’était déroulée du 16 au 20 mars, dans un climat serein.
« Je ne donne pas cher de leur peau »
Le drame au cœur du procès était survenu le soir du 27 octobre 2005 lors d’une intervention de police à Clichy-sous-Bois, au nord de Paris. Lors d’une course-poursuite entre jeunes et policiers, Sébastien Gaillemin avait vu deux « silhouettes » enjamber un grillage délimitant un cimetière, et pénétrer ainsi dans un petit bois dans lequel, cinq mètres plus loin, un mur interdisait l’accès à un transformateur électrique de la société nationale d’électricité EDF.
« S’ils rentrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau », avait-il lâché sur la radio de la police, à l’écoute de laquelle était sa collègue Stéphanie Klein, alors policière stagiaire, accusée elle aussi de ne pas avoir réagi.
Le décès des deux jeunes avait déclenché trois semaines d’émeutes en France, les plus graves de l’histoire des banlieues du pays, face auxquelles le gouvernement de l’époque avait décrété l’état d’urgence.
AFP