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Deux chefs de l’ETA arrêtés en France


Des policiers français de l'unité antiterroriste du RAID et de la DGSI montent la garde à l'extérieur d'une villa d'Orerreka, le 22 septembre 2015, lors de l'arrestation de deux chefs présumés de l'organisation séparatiste basque espagnole ETA. (Photo : AFP)

L’arrestation de deux responsables de l’ETA au Pays basque français par les polices espagnole et française a porté mardi un rude coup à l’organisation séparatiste basque espagnole, en lente agonie depuis son renoncement à la lutte armée en 2011 et dont moins d’une trentaine de militants clandestins seraient encore en liberté.

Présentés par Madrid comme les chefs politiques d’ETA, les deux responsables, qui étaient en fuite, ont été arrêtés mardi à Saint-Etienne-de-Baïgorry (Pyrénées-Atlantiques), une arrestation qui achève de décapiter ce mouvement, s’est réjoui le ministre espagnol de l’Intérieur, Jorge Fernandez Diaz.

Il s’agit d’une femme, Iratxe Sorzabal, «recherchée depuis au moins dix ans» par la justice en France et en Espagne, et d’un homme, David Pla, «dans la clandestinité depuis 2011», a-t-on précisé de source policière française à l’AFP. «L’arrestation s’est passée sans aucune difficulté», dans un gîte rural situé à la sortie de Saint-Etienne-de-Baïgorry, en pleine montagne pyrénéenne.

Iratxe Sorzabal, 43 ans, ancienne porte-parole de 1997 à 1999 de Gestoras, un nouvement de soutien aux prisonniers basques, a déjà été condamnée à plusieurs reprises à de la prison en France ces dernières années pour son appartenance à ETA. Membre du commando «Ibarla» dans les années 1990, elle est soupçonnée d’avoir participé à de nombreux attentats et plusieurs assassinats.

Elle a eu un fils avec l’ex-numéro un de l’appareil militaire de l’ETA, Mikel Carrera Sarobe, alias «Ata», condamné notamment à la perpétuité en 2013 pour l’assassinat de deux jeunes gardes civils espagnols à Capbreton (Landes) en 2007.

Iratxe Sorzabal formait avec David Pla, 40 ans, originaire de Pampelune (Navarre espagnole), le «comité exécutif» de l’organisation basque. Selon le quotidien El Pais, ce sont eux qui avaient annoncé, le 20 octobre 2011, «l’arrêt définitif des actions armées» de l’ETA.

Pour le ministre espagnol de l’Intérieur, qui a annoncé l’arrestation du couple depuis Bruxelles où il arrivait à une réunion de l’Union européenne sur les migrations, ces responsables politiques de l’ETA étaient les «deux terroristes les plus recherchés du moment» par Madrid. «L’appareil politique de l’ETA a été démantelé, décapité avec ces arrestations», s’est-il félicité, estimant que l’organisation était aujourd’hui «un cadavre» auquel «il ne manque plus que le certificat de décès».

Armes et faux papiers

Deux autres personnes, un Espagnol et un Français, ont été arrêtées lors de l’opération effectuée sous le contrôle de la Section antiterroriste du Parquet de Paris, a-t-on indiqué de source policière à l’AFP. L’un d’entre eux est le propriétaire français du gîte rural qui aurait caché le couple de l’ETA. L’autre serait un ami qui l’accompagnait et dont l’appartenance à l’ETA doit encore faire l’objet de vérifications.

La perquisition du gîte, une grande bâtisse traditionnelle basque, était toujours en cours mardi après-midi et des armes ainsi que des faux papiers, «l’équipement habituel des Etarras», ont été découverts sur place. Les quatre personnes arrêtées vont être placées en garde à vue, qui peut durer jusqu’à 96 heures en matière de terrorisme, avant un probable transfert vers le Parquet de Paris.

L’ETA, qui réclame l’indépendance du Pays Basque, est tenue responsable d’au moins 839 morts en 50 ans. Depuis l’annonce du 20 octobre 2011 de son renoncement définitif à la violence, l’organisation n’a plus commis d’attentat, vraisemblablement aussi parce qu’elle n’en a plus vraiment les moyens.

De sources policières des deux côtés des Pyrénées, on estime que l’ETA compte aujourd’hui moins d’une trentaine de membres en liberté, tous les autres — environ 455 — étant détenus en Espagne et en France.

Elle réclame depuis 2011 une négociation sur ses prisonniers en échange de sa dissolution. Mais, comme l’a rappelé mardi le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, sur Twitter, Madrid refuse toute concession: «Il n’y a qu’une voie pour ETA: sa dissolution inconditionnelle.»

Pour Jorge Fernandez Diaz, l’ETA veut se perpétuer comme un acteur politique, mais avec l’opération d’aujourd’hui, ce sera encore plus difficile. ETA est une organisation terroriste défaite», a-t-il lancé.

AFP/M.R.