Deux élus de Seine-Saint-Denis et plusieurs associations qui viennent en aide aux populations roms ont déploré jeudi les expulsions de bidonvilles et de campements intervenues ces dernières semaines, réclamant pour les Roms la même mobilisation que pour les réfugiés d’Irak et Syrie.
«Nous nous réjouissons» de l’annonce que la France va accueillir 24 000 réfugiés, a souligné la sénatrice de Seine-Saint-Denis Aline Archimbaud (EELV), lors d’une conférence de presse au Sénat. «Mais je ne peux pas comprendre pourquoi les populations roms, qui sont aussi des populations réfugiées, subissent un tel traitement.»
Déplorant «la destruction» de campements et bidonvilles, comme celui fin août, du «Samaritain», l’un des plus vieux bidonvilles de France, où logeaient 80 familles à La Courneuve, elle a rappelé que les Roms subissent «un racisme latent, sournois, violent, dans plusieurs pays d’Europe».
Elle réclame «la même mobilisation pour les Roms que pour les populations réfugiées, les mêmes moyens de la part des collectivités publiques».
Patrick Braouezec (PCF), l’ancien maire de Saint-Denis, aujourd’hui président de la communauté d’agglomération Plaine Commune, a également regretté qu’«au moment où les Etats européens se mobilisent pour des réfugiés, ils sont incapables de se mobiliser pour des populations européennes qui vivent sur nos territoires».
Dans une tribune rédigée en 2003, il dénonçait déjà «la répression qui en France, frappe ces populations». «Cette déclaration n’a pas pris une ride. Les choses se sont même détériorées», a-t-il remarqué, dénonçant «une responsabilité partagée des politiques, du sommet de l’Etat jusqu’aux collectivités locales». Selon lui, «il faut trouver des solutions avec les populations concernées», des projets d’auto-construction ou de villages d’insertion, par exemple.
Plusieurs associations (Médecins du Monde, Croix-Rouge, la Voix des Roms, etc.) et collectifs de soutien ont dénoncé les destructions de campements, qui entraînent des situations d’errance et interrompent l’accès aux droits et les démarches d’insertions.
«Nous sommes dans la rue avec les enfants depuis deux mois», a raconté Antonella Covaci, expulsée d’un village d’insertion à Saint-Ouen fin juillet.
«Je travaille, j’ai un CDD, mais maintenant que je dors dans la rue, c’est difficile d’aller travailler,» a témoigné Iulian Minzat, qui vivait dans le bidonville du Samaritain depuis 7 ans. Jozsef Farkas, qui y vivait depuis trois ans, a lancé une pétition contre cette évacuation, qui a recueilli plus de 40 000 signatures.
Jeudi, 300 Roms ont été expulsés de leur camp à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Une expulsion similaire menace un campement à Bobigny, a précisé Mme Archimbaud.
AFP/M.R.