Après le nouvel échec des députés à élire un président de la République, mardi, la Grèce se dirige vers des élections anticipées à hauts risques si une troisième tentative se révèle infructueuse lundi.
« Avec la nouvelle année notre pays va tourner une page », a affirmé Alexis Tsipras, patron de Syriza, favori en cas d’élections anticipées. (Photo : AFP)
Au total, 168 députés sur 300 ont voté pour Stavros Dimas, l’ex-commissaire européen et pilier du parti conservateur du Premier ministre, Antonis Samaras, que le gouvernement de coalition droite-socialistes a présenté comme candidat au poste honorifique de président de la République. Les autres (131, la 132e étant absente) ont simplement répondu «présent» à l’appel de leur nom, comme le veut la procédure grecque. Il fallait une majorité de 200 «oui» pour faire élire le président.
> « Éviter l’aventure »
Au premier tour, mercredi dernier, Stavros Dimas avait obtenu 160 voix, les 155 députés de la coalition et cinq indépendants. Pour convaincre les autres indépendants et non-inscrits, ou les dix députés du petit parti de gauche démocratique Dimar, Samaras avait proposé dimanche d’organiser fin 2015 au lieu de juin 2016 les prochaines législatives et d’élargir la composition du gouvernement. Mardi, son candidat a ainsi gagné huit voix, notamment celles de deux anciens députés d’Aube dorée et d’une députée de Dimar, le reste du parti semblant prêt à s’allier à Syriza. Le troisième tour lundi sera donc déterminant. Cette fois, la majorité nécessaire à l’élection est abaissée à 180. Si ce nombre n’est pas atteint, le Parlement sera dissous et des élections législatives se tiendront dès le 25 janvier ou le 1er février. La tâche de Samaras semblait mardi presque impossible. Pour l’analyste Ilias Nikolakopoulos, «avec 168 voix dont deux d’anciens députés Aube dorée, il paraît exclu d’arriver à 180 la semaine prochaine.» «Il semble que la coalition au pouvoir ait définitivement perdu», a soutenu Jésus Castillo, analyste chez Natixis.
Après le vote, Samaras a exhorté les députés à «éviter l’aventure», à «prendre en compte les souffrances des Grecs» pendant la crise et «l’intérêt de la patrie». Le patron de Syriza, Alexis Tsipras, était pour sa part optimiste : «Ni l’Assemblée ni le peuple ne donneront carte blanche à Monsieur Samaras pour continuer les mémorandums (NDLR : les programmes de réformes très durs imposés par ses créanciers, FMI, BCE et UE, à la Grèce depuis le début de la crise de la dette en 2010). Avec la nouvelle année, notre pays va tourner une page.» L’élection est observée avec attention dans le reste de l’Europe, où le programme de Syriza, favori des sondages d’opinion, suscite des réserves. Le parti est opposé à l’extrême rigueur imposée au pays par l’UE, la BCE et le FMI en échange de 240 milliards d’euros de prêts. Le nouvel échec de mardi «va maintenir les marchés dans une certaine nervosité», a souligné mardi Capital Economics. «Malgré les tentatives du leader de Syriza d’assurer qu’il est engagé à rester dans l’euro et à maintenir un budget primaire équilibré, les investisseurs sont toujours préoccupés par une possible restructuration de la dette», explique le centre d’analyse économique. Jésus Castillo s’attend également à «un haut degré de volatilité dans les prochaines semaines».
> « Des points de vue différents »
La Bourse d’Athènes, déjà très affaiblie depuis 15 jours par les incertitudes de cette séquence électorale, cédait 1,92 % vers 13 h 30. Klaus Regling, directeur général du Mécanisme européen de stabilité (MES), estimait dimanche dans une interview au quotidien grec Kathimerini «normal que les marchés soient inquiets quand l’opposition a des points de vue radicalement différents sur l’avenir du pays. En Espagne, au Portugal et en Irlande, les gouvernements ont changé mais les programmes de réformes n’ont pas été interrompus. En Grèce, il semble y avoir plus d’incertitude», estimait-il.
AFP