Metz et Nancy renouent avec le derby lorrain, ce soir, dans un contexte toujours passionnel mais aussi sportif. En cas de victoire sur son voisin, le leader mosellan prendrait sept points d’avance au classement. Bouillant !
Ligue 2, vois-tu poindre ces nuages de fumée ? Des pyromanes arrivent par l’Est. Alerte incendie à l’horizon. Le derby lorrain, actualité brûlante de cette 7e journée, risque fort d’embraser le deuxième étage du football français ce soir. Car Metz et Nancy ont rencard et le feu couve toujours entre ces deux-là. Sous les cendres de grandeurs oubliées certes, mais les braises sont restées vives. Tout à l’heure, elles deviendront flammes, portées par le souffle d’une rivalité intacte et furieuse.
S’il est possible de déceler un charme à ce championnat, il se niche derrière des nuits comme celle-ci : intense, magnifique d’incertitude et d’une formidable puissance émotionnelle. Croisé au détour d’un couloir, Robert Duverne livrait cette analyse sur une bataille qu’il va découvrir. « On ne peut pas comparer le derby lorrain avec celui du Rhône , expliquait le préparateur physique des Grenats. Entre Lyon et les Verts, il existe des liens d’amitié. Entre Metz et Nancy, je sens vraiment deux ennemis. »
Métanire : « Il faut prévenir l’ASNL… »
Le choc, pour le coup, est aussi un sommet, ce qui renforce sa dramaturgie. Ce matin, Metz est leader et Nancy son suiveur (3e ). Les deux clubs sont d’ailleurs invaincus et excités par un même désir de remontée.
Il faut aussi parler du passé. Ce soir, Saint-Symphorien accueillera une ASNL revancharde et soucieuse d’effacer la fameuse déculottée du 24 septembre 2013. Nancy avait alors quitté la Moselle mine basse et fesses rougies, marquées au fer grenat. Impitoyable, Metz avait sorti le martinet trois fois (3-0).
« Il faut prévenir l’ASNL , ricanait Romain Métanire cette semaine. Le derby est un combat, pas un match. » Taquin mais légitime. A l’époque, le staff nancéien avait commis l’impair de dédramatiser le derby et il avait été puni en conséquence. L’ASNL ne reproduira pas cette erreur. Et pour cause, Pablo Correa est revenu aux affaires. Remonter des hommes, préparer la guerre : cet entraîneur sait faire. Il pourra aussi parler des supporters interdits de séjour à Metz pour demander à ses joueurs de revenir en héros vers Picot…
A l’opposé, le défi sportif sera aussi un test affectif pour José Riga. Comme un bizutage. Car une victoire validerait l’excellence d’un début de saison sans revers et repousserait le voisin à sept points. Mais s’il espère conquérir les cœurs, le technicien belge devra s’arranger : la Lorraine doit rester grenat. C’est le meilleur moyen d’accélérer le processus de séduction. Manifestement, l’intéressé est déjà au parfum : « Je n’ai pas besoin d’être sensibilisé, le derby est la première chose dont on m’a parlé à mon arrivée. » Hier, il ajoutait : « Je n’ai qu’un seul objectif, rendre aux supporters ce qu’ils nous ont déjà donné depuis le début de saison. »
A leur échelle, ces deux clubs ont encore des réglages à apporter. Nancy doit progresser en défense et en gestion. Metz doit soigner sa maîtrise des événements et construire le beau jeu qu’il a brandi comme un slogan. Ces chantiers, naturellement, seront remis à plus tard. Le derby n’est pas une affaire d’esthétique ni une séance de travail. C’est un brasier.
Christian Jougleux (Républicain Lorrain)