L’école a effectué «un pas considérable» en quelques mois sur le sujet de la laïcité, poussée par les événements de janvier 2015, a estimé jeudi la ministre de l’Education, en visite dans un collège parisien un an après l’attentat à Charlie Hebdo.
La notion de laïcité «avait été dévoyée dans le débat public et instrumentalisée politiquement contre l’islam. Du coup, certains élèves, de confession musulmane, vivaient la laïcité comme une agression», a déclaré Najat Vallaud-Belkacem, au collège de Staël. «Il fallait outiller les enseignants» à ce sujet.
Au sein de l’Education nationale, quelque 1 500 formateurs laïcité ont transmis leur savoir «à des dizaines de milliers d’enseignants depuis le printemps», selon la ministre. Un total de 300 000 professeurs seront formés d’ici la fin de l’année.
Autres vecteurs de cet enseignement de la laïcité auprès des élèves: la mise à disposition de ressources éducatives dédiées à ce thème, l’instauration d’une journée de la laïcité chaque 9 décembre, les cours d’enseignement moral et civique (EMC) et la mise en place de la réserve citoyenne, qui voit des bénévoles intervenir dans les écoles sur la laïcité, l’information, etc.
L’association InitiaDroit, créée il y a dix ans, et dont les membres, des avocats, se rendent dans les écoles pour discuter du droit et de la citoyenneté avec les élèves, est devenue ambassadeur de l’initiative.
Dans une classe de troisième, alors qu’une jeune avocate d’InitiaDroit anime une session d’EMC, une jeune fille, musulmane, confie avoir été tiraillée lors des cours de biologie sur les origines de l’homme, et de ceux d’histoire sur l’islam. Ce que les profs enseignaient ne correspondaient pas à ce que son père lui disait sur sa religion.
«A l’école, on ne t’y apprend pas la foi, on t’apprend le savoir», lui explique la ministre. «Ce n’est pas simple quand on est jeune, mais il faut tenter d’appliquer la distinction entre croire et savoir.»
Il y a un an, quelque 200 incidents (répertoriés) avaient perturbé la minute de silence organisée dans les écoles après les attentats de Charlie et de l’Hyper Cacher: refus de se taire pendant le temps de silence ou réflexions sur les journalistes de Charlie qui «l’avaient bien mérité».
Mais l’hommage du 16 novembre (après les attentats du 13) dans les écoles, bien mieux préparé, s’était déroulé de façon bien moins agitée, avaient témoigné les professeurs.
AFP/M.R.