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Déficit public en France : l’UE relève sa prévision, « pas de pression » sur Macron


"Donnons lui sa chance", a lancé le commissaire européen aux Affaires économiques, le français Pierre Moscovici en évoquant le nouveau président français. (photo AFP)

Bruxelles a légèrement relevé jeudi sa prévision de déficit public pour la France, se défendant toutefois de « toute pression » sur le nouveau président Emmanuel Macron pour qu’il respecte les règles européennes.

« Mon message n’est pas un message de pression, en aucun cas un message de sanction, c’est un message de confiance et de bienvenue », a insisté le commissaire européen aux Affaires économiques, le Français Pierre Moscovici, estimant que M. Macron « connaissait bien les règles européennes ».

« Donnons lui sa chance », a-t-il lancé lors d’une conférence de presse à Bruxelles.

Dans ses prévisions de printemps dévoilées jeudi, la Commission européenne table sur un déficit public français en 2017 à 3% du Produit Intérieur Brut (PIB), soit le chiffre limite des règles européennes. En février, l’exécutif européen tablait sur 2,9% du PIB.

Pour 2018, la Commission européenne anticipe désormais un déficit public à 3,2% du PIB, contre 3,1%, lors de sa précédente estimation.

Selon ces chiffres, la France serait le seul des 19 pays de la zone euro en 2018 à avoir un déficit public supérieur à 3% du PIB. L’Espagne, menacée de sanctions avec le Portugal en 2016 pour dérapage budgétaire, devrait rentrer dans les clous en 2018, avec un déficit public de 2,6%, contre 3,2% en 2017.

« Nous sommes en mai, tout est jouable le redressement des comptes et la sortie de procédure de déficit excessif en 2017 », a observé M. Moscovici à propos de la situation française.

« Le passage à 3%, c’est à portée de main. Quand nous présentons les chiffres 2018, ils sont à politique inchangée, cela veut dire qu’avec un effort minime, il peut y avoir un passage durable sous les 3%, c’est jouable », a-t-il estimé.

Le centriste Emmanuel Macron était le seul des candidats à la présidentielle à s’être engagé à rester en 2017 dans « l’épure des 3% ».

« Restaurer la crédibilité »

Sur la base des chiffres présentés jeudi, la Commission européenne devrait présenter le 17 mai des recommandations à chaque pays sur leur trajectoire économique.

La dernière fois que le déficit public français était sous la barre fatidique des 3% du PIB, respectant ainsi les règles européennes auxquelles les pays membres de la zone euro ont souscrit, remonte à 2007, c’est-à-dire avant la crise financière. Il s’établissait à 2,7% du PIB.

Par deux fois, la France a bénéficié de délais de deux ans, concédés par la Commission européenne, pour revenir dans les clous: en 2013 –Pierre Moscovici était alors ministre français de l’Economie et des Finances– et en 2015.

Côté croissance, la Commission européenne n’a pas révisé ses prévisions: elle table toujours sur une accélération à 1,4% en 2017 et 1,7% en 2018, contre 1,2% en 2016.

Dans un entretien en mars à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, M. Macron avait affirmé: « Nous ne remettrons pas l’Europe sur les rails si la France ne fait pas son travail (…) La France doit restaurer sa crédibilité en réformant son marché du travail et en faisant preuve de sérieux sur son budget ».

Des déclarations qui flattaient Berlin, toujours très sourcilleux en matière d’orthodoxie financière et qui dégage depuis 2014 des excédents publics –pour 2017, la Commission européenne les voit désormais à 0,5%, contre 0,4% lors de sa prévision de février.

Il est en tout cas certain que les dérapages français récurrents sont de plus en plus pointés du doigt.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avait ainsi appelé lundi M. Macron à réduire la dépense publique en France lorsqu’il sera au pouvoir, jugeant que son niveau actuel n’était pas tenable à terme.

« Les Français consacrent entre 53% et 57% de leur Produit intérieur brut à leurs budgets publics, compte tenu du niveau relativement élevé de la dette, cela ne peut pas fonctionner dans la durée », avait averti le Luxembourgeois.

Le Quotidien / AFP