La France est confrontée à un « malaise » spécifique en Europe, mêlant méfiance vis-à-vis des institutions, pessimisme face à l’avenir et rejet de la mondialisation, selon une étude européenne publiée lundi portant sur six pays.
« Il y a un malaise français », a souligné Didac Gutiérrez-Peris, directeur de recherche de l’Institut Viavoice lors de la présentation à Paris d’une étude coordonnée par l’institut britannique Demos qui s’appuie sur un sondage réalisé fin août en France, Grande-Bretagne, Allemagne, Suède, Espagne et Pologne. Le sondage a été réalisé en ligne entre le 23 août et le 7 septembre 2016 par l’institut YouGov auprès de 1 001 Français, de 2 125 Allemands, de 1 011 Polonais, 1 000 Espagnols, 1 007 Suédois et 1 661 Britanniques, tous âgés de 18 ans et plus.
Selon cette enquête, la France est le pays où la défiance vis-à-vis des institutions est la plus forte : 71% ont une confiance faible (comprise entre 1 et 4 sur une échelle allant jusqu’à 10) en leur gouvernement et 65% vis-à-vis de leur parlement. Les Français sont les seuls à considérer en majorité (un sur deux) que la mondialisation, et ce qu’elle induit, est négative pour leur pays. Dans les cinq autres pays, les critiques de la mondialisation ne dépassent jamais les 40%.
La crainte d’une nouvelle crise financière
L’étude a interrogé les citoyens des six pays sur certaines évolutions de la société européenne. Concernant le développement de la diversité ethnique et religieuse, il n’y a qu’en France qu’il est vu plus négativement que positivement (46% contre 21%). Enfin, la France est le pays le plus pessimiste du groupe. 53% des personnes interrogées estiment que la situation en France va se détériorer dans les douze prochains mois (43% en Allemagne et en Suède, 42% en Grande-Bretagne). Plus de 80% des Français pensent qu’un nouvel attentat est probable dans les six prochains mois. 70% des Français estiment qu’une nouvelle crise financière se produira dans les deux prochaines années et 58% qu’un gouvernement d’extrême droite arrivera au pouvoir d’ici dix ans.
Ce sentiment de défiance va influer sur la présidentielle, juge l’étude, selon laquelle seuls 24% des sondés se disent prêts à faire un « choix positif », c’est-à-dire à voter pour celui qui propose à leurs yeux la meilleure politique.
Le Quotidien/AFP