Réduits à dix pendant 45 minutes, les Roud Léiwen ont dû s’incliner mardi soir face à l’Albanie (0-2), quatre jours après avoir baissé pavillon devant le vice bosnien. L’expulsion justifiée de Jonathan Joubert juste avant l’entrée aux vestiaires ne laissait que peu de chances aux hommes de Luc Holtz d’espérer un résultat positif. Dommage.
Affronter les coiffeurs albanais, cette catégorie de joueurs généralement remplaçants et qui se demandent encore s’ils seront à l’Euro dans un peu plus de deux mois, c’est tout sauf une garantie : soit ces gars-là vont forcer comme des malades pour saisir une des dernières opportunités d’être dans la liste de Gianni De Biasi, soit ils n’ont tout simplement pas le talent nécessaire pour se hisser au niveau des titulaires et cela va se sentir sur le terrain.
La confrontation de mardi s’est chargée d’établir que l’option B l’emporte toujours, que l’envie d’en être n’est jamais aussi forte que l’absence de certitudes, même quand on affronte le Luxembourg, qui lui, désormais, en a à revendre, du talent.
Mardi, pour un qualifié à la grande joute continentale, l’Albanie s’est longtemps montrée assez faiblarde. Les Roud Léiwen, eux, se sont surtout révélés appliqués, soucieux visiblement de ne pas reproduire les terrifiants oublis qui ont coûté deux buts contre la Bosnie sur des phases arrêtées loin de leurs seize mètres.
Dans ce contexte de rencontre assez plate, on n’a eu longtemps qu’un souci majeur : suivre à la loupe la rencontre de Jonathan Joubert. Laissé sur le banc dans un amical pour la première fois depuis son arrivée en 2006 chez les Roud Léiwen, vendredi, le titulaire avait un message à envoyer à Anthony Moris au moment où, lentement, va commencer à se poser la question de la succession.
Les performances du joueur de Malines (excellent en Italie l’été passé, il a été très bon face à la Bosnie la semaine passée) renvoient la certitude que le successeur n’attendra pas forcément que le maître prenne calmement sa retraite pour prendre la place.
Ce n’est clairement pas son intention d’être gentiment respectueux d’une hiérarchie établie. Et Joubert, qui ne peut pas rester insensible à cette pression qui monte de manière insidieuse, a tout (très) bien fait jusqu’à un tournant de match dont il se serait bien passé, encore plus à titre individuel que collectif : un ballon dans la profondeur qui le force à sortir au-devant de Cikalleshi, qu’il percute juste assez pour se faire expulser.
Les trois remplaçants impliqués dans le but
Une aubaine dont Moris ne se félicitera pas. Non seulement parce que la décence et la morale le lui interdisent, mais aussi parce qu’il était écrit que cela allait sévèrement débouler sur son but en deuxième période. Une sérieuse épine dans le pied du Luxembourg, pas assez fringant pour rester serein. Et encore moins quand De Biasi a fait rentrer ses titulaires pour faire cesser la mascarade comme l’avait fait Mécha Bazdarevic vendredi dernier.
En moins d’une minute, ce changement paie : Rashica décale Kace, qui centre pour la tête piquée de Sadiku : les trois joueurs de champ qui viennent de pénétrer sur la pelouse ont touché le ballon et changé le cours du match (0-1, 63 e ). Là, c’est logique, le Grand-Duché lâche un peu, concède du terrain à l’euphorie albanaise, mais aussi à la fraîcheur et aux facilités techniques du duo Kace-Sadiku.
Cikalleshi en rajoute une petite couche (0-2, 75 e ) sur une touche vite jouée qui pourrait dramatiquement faire penser aux deux coups francs de Pjanic quatre jours plus tôt, dont les hommes de Holtz ont juré de se rappeler longtemps au nom des erreurs dont il faut savoir se rappeler pour avancer. Là encore, Luc Holtz invoquera le manque de fraîcheur physique. C’est de bonne guerre. Surtout quand on a joué 45 minutes à dix…
Julien Mollereau