La deuxième phase de l’opération militaire européenne destinée à resserrer l’étau contre les passeurs en Méditerranée débute mercredi mais de façon encore limitée, hors des eaux libyennes.
«La phase deux de l’opération européenne contre les trafiquants de migrants débutera le 7 octobre», avait annoncé fin septembre à Rome la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, à l’issue d’une visite au quartier général de cette opération, baptisée EuNavfor Med.
Un lancement confirmé mardi par le capitaine Fabio Iannello, un porte-parole de cette opération, dont la première phase est en vigueur depuis fin juin.
Au moins six bâtiments de guerre européens croisent déjà dans les eaux internationales au large de la Libye, a précisé le capitaine. Cette flotte comprend un porte-avions italien, le Cavour, la frégate française Courbet, deux navires allemands, un britannique et un espagnol.
Au moins trois autres bâtiments, mis à disposition par les marines slovène, britannique et belge, sont attendus avant fin octobre pour compléter ce dispositif, qui comprend également quatre avions, et un total de 1.318 militaires.
Attaque de trafiquants
A bord de la Werra, l’un des deux navires allemands, la centaine de membres d’équipage ont déjà effectué plusieurs exercices, dont une simulation d’attaque menée par des trafiquants, à laquelle ils ont «répliqué» en ouvrant le feu. Pour cette mission, l’équipage comprend aussi plusieurs soldats de l’infanterie de marine allemande, formés à l’abordage de navires en pleine mer, a expliqué à l’AFP le commandant de la Werra, Stefan Klatt.
L’Union européenne avait approuvé à la mi-septembre le recours à la force contre les passeurs opérant à partir de la Libye, dans le cadre d’un renforcement de son opération navale en Méditerranée. «Nous suivrons les passeurs, les trafiquants et nous voulons les arrêter et saisir leurs navires. C’est notre objectif, mais la phase 2 se fera (uniquement) dans les eaux internationales», a précisé le commandant.
Encore faut-il donc que les trafiquants s’aventurent hors des eaux libyennes… Mais sur ce point, les Européens restent optimistes.
Ces dernières semaines, EuNavfor Med a ainsi identifié 20 bateaux «d’escorte» — 17 libyens et trois égyptiens–, contre lesquels les militaires auraient pu intervenir si la phase 2 avait déjà été lancée, avait affirmé Mme Mogherini fin septembre.
Sur le papier, le dispositif prévoit un peu plus d’une dizaine de zones rectangulaires de patrouille clairement délimitées au large de la Libye. Chacune a reçu un nom et toutes encerclent la côte libyenne: quatre se trouvent le long de la ligne des 12 milles marquant la fin des eaux libyennes, les autres sont plus au large.
Toute la côte nord-ouest de la Libye de la frontière tunisienne jusqu’à Syrte, se trouve ainsi verrouillée, à l’exception toutefois d’une zone devant Tripoli, laissée ouverte afin d’éviter tout blocus maritime.
C’est à la sortie de cette «porte», principal point de départ des milliers de migrants qui s’embarquent chaque semaine à destination de l’Europe, que les navires européens pourront agir, à condition de se trouver dans les eaux internationales.
Pour des opérations dans les eaux libyennes, il faudra attendre un feu vert du Conseil de sécurité des Nations unies et l’aval des autorités libyennes, ce qui est loin d’être acquis. Cela n’empêche pas la Werra et les autres navires de s’approcher très près de la côte libyenne, à la limite des 12 milles, y compris de nuit, pour des relevés topographiques, des écoutes et d’autres opérations de renseignement.
Car même si l’EuNavor Med peut compter sur certains relais à terre, «il manque clairement des hommes au plus près des réseaux», reconnaît un officier de renseignement, sous couvert d’anonymat.
AFP/M.R.