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Débat télévisé à onze : les « grands » candidats ont tout à perdre, les « petits » tout à gagner


Disposés en arc de cercle autour des deux journalistes aux manettes, les candidats auront chacun 17 minutes de temps de parole, pendant les 3h30 d'émission. (photos AFP)

C’est une grande première : à 19 jours du premier tour de la présidentielle, la totalité des onze candidats ont rendez-vous mardi soir pour une joute télévisée axée sur les thèmes cruciaux de l’emploi, la sécurité et le social.

FILES-COMBO-FRANCE2017-POLITICS-VOTE-CANDIDATESLes cinq « grands » candidats Marine Le Pen, Emmanuel Macron, François Fillon, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon s’étaient déjà affrontés lors d’un débat pugnace sur TF1 et LCI le 20 mars, sous l’oeil de plus de 10 millions de personnes. Mais cette fois, se joindront à partir de 20h40 sur BFMTV et CNews les six autres candidats du premier tour : Philippe Poutou (NPA), Nathalie Arthaud (LO), Nicolas Dupont-Aignan (DLF), François Asselineau (UPR), Jean Lassalle et Jacques Cheminade.

Disposés en arc de cercle autour des deux journalistes aux manettes, Ruth Elkrief et Laurence Ferrari, ils auront chacun 17 minutes de temps de parole, pendant les 3h30 d’émission. Les deux journalistes ont dit leur volonté d’être « fermes » pour que « tout le monde soit audible » et éviter « le pugilat », espérant « un rendez-vous de niveau présidentiel avec du fond », après une campagne largement occupée par les affaires. Le débat sur les programmes laissera tout de même une place au sujet de « la moralisation de la vie publique », a assuré Ruth Elkrief. François Fillon, mis en examen pour détournement de fonds publics, avait été plutôt épargné lors du débat à cinq.

Pas de portable

Les candidats seront interrogés sur trois thèmes : « comment créer des emplois », « comment protéger les Français » et « comment mettre en œuvre (leur) modèle social ». A chaque question, les prétendants à l’Élysée, qui pourront s’asseoir mais pas utiliser leur téléphone portable, contrairement au débat à cinq, auront 1 minute 30 pour répondre et pourront s’interpeller. Au vu des sondages, Marine Le Pen et Emmanuel Macron apparaîtront dans l’arène avec le statut de favoris, même si le leader d’En Marche se voit toujours en « outsider ». Selon un responsable FN -qui indique que la candidate « ne se prépare pas vraiment » mais « se mettra un peu au calme » dans l’après-midi-, les « gros » candidats vont s’efforcer de garder leurs distances avec les « petits », car « le but est de ne pas s’exposer à une bataille de chiffonniers avec Arthaud ou Cheminade ».

Pour François Fillon, ce sera l’occasion de « défendre » à nouveau son projet a-t-il rappelé lundi, même si un débat de cette nature est « une terre inconnue ». Même état d’esprit pour Emmanuel Macron, dont l’entourage indiquait ce week-end qu’ « il n’y a pas vraiment d’idée parce que c’est un tel bordel à onze… » Le candidat socialiste Benoît Hamon se prépare « déjà à la frustration liée à l’exercice », indique son équipe, qui reconnaît ne pas avoir « pris la mesure du côté télé-crochet » de l’exercice lors du dernier débat. Mais il n’est « pas dans la logique ‘je prépare mes punchlines’, il ne fait pas du marketing politique », selon son entourage. Tout l’inverse du côté de Jean-Luc Mélenchon, dont la réputation de tribun a été confortée lors du précédent round et chez qui « il se prépare quelques bonnes punchlines ! », selon Danielle Simonnet, porte-parole de La France insoumise.

« Un traquenard »

Du côté des « petits », où l’enjeu est aussi de se faire connaître. Nathalie Arthaud prévient notamment qu’il ne faut pas attendre d’elle « un coup médiatique », tandis que François Asselineau, « dans un état d’esprit serein », espère faire découvrir ses propositions qui « tranchent, de façon décisive, avec celles des candidats ultra-médiatisés ». Ce débat pourrait être le dernier avec l’ensemble des candidats avant le premier tour. Un autre est programmé sur France 2 le 20 avril, à trois jours du scrutin, mais plusieurs candidats ont exprimé des réserves sur cette date, qui empêcherait, selon le Conseil supérieur de l’audiovisuel, un candidat de se défendre si une nouvelle polémique électorale devait émerger.

Dans la presse française, on estimait mardi que ce débat risque d’être « un traquenard » pour les cinq favoris. « Ils savent qu’une maladresse, un mot de trop sont capables de leur offrir un plongeon dans les intentions de vote. Au contraire, « les ‘petits’ candidats trouveront dans ce speed dating inédit une formidable tribune médiatique pour séduire et exister aux côtés des ‘grands’, vieux routiers des plateaux », jugent les éditorialistes.

Le Quotidien/AFP