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Le débat sur le collège vire à l’affrontement politique


La ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem le 6 mai 2015 à l'Assemblée nationale à Paris. (Photo : AFP)

La réforme du collège tourne à l’affrontement politique, le gouvernement accusant la droite d’instrumentaliser le débat et de cibler la ministre, l’UMP répondant que ses attaques sévères visent à sauver l’école républicaine.

Alors que le combat contre cette réforme engagée par Najat Vallaud-Belkacem mobilise toujours les intellectuels -Alain Finkielkraut dénonçant encore mardi un processus «destructeur»-, le ton est monté entre les partis dans un pays hanté par le spectre de la guerre scolaire.

L’offensive avait commencé la semaine dernière, notamment avec une pétition lancée par l’UMP Bruno Le Maire (plus de 235 parlementaires de la droite et du centre signataires).

En meeting lundi, le président de l’UMP Nicolas Sarkozy a lâché ses coups: réforme «désastreuse, peut-être irréversible, pour notre République». «J’accuse les socialistes d’oublier que la mémoire est la vertu première de la République», a martelé celui qui veut rebaptiser son parti Les Républicains.

Comme en réplique à Manuel Valls qui venait d’en appeler à «une très forte mobilisation» pour «cette belle réforme», l’ex-chef de l’Etat a lâché: «Dans le combat effréné pour la médiocrité, Christiane Taubira est en passe d’être dépassée par Najat Vallaud-Belkacem.»

Cette dernière avait déjà été qualifiée de «pire ministre de l’Education» des «dernières décennies» par le FN Florian Philippot.

De quoi déclencher l’orage au PS: «monument d’amnésie et de falsification», a tonné le chef de file des députés socialistes Bruno Le Roux contre Nicolas Sarkozy. «C’est sous sa mandature que l’école française a dégringolé dans les classements internationaux», «que l’échec scolaire a battu des records»…

Le gouvernement et le PS s’attachent à répondre point par point, niant par exemple tout abandon du latin, du grec et de l’allemand. Ils plaident au contraire pour une généralisation, mais celle-ci, aux yeux de la droite, masque mal leur dilution et dépérissement. C’est oublier «nos racines au moment où la nation s’interroge sur son identité», «une honte», a affirmé M. Sarkozy.

«Récit national»

Au-delà du fond de la réforme, le député et porte-parole du PS socialiste Olivier Faure a allusivement tweeté: «Quel est le message à peine subliminal de quand il cible ensemble et ?»

«Quand on s’est acharné à saccager l’école en supprimant 80.000 postes d’enseignants, en supprimant la formation des enseignants (…) on n’a aucune leçon à donner», a tranché Najat Vallaud-Belkacem.

«Ils courent après les mêmes chimères avec la même hargne», a tweeté la garde des Sceaux. «Nous, , avec la même superbe, les regardons de haut».

Sans s’embarrasser de ces subtilités et sans rappeler les Rachida Dati ou Rama Yade devenues ministres, un autre député PS, Eduardo Rihan Cypel, a risqué: «ça embête beaucoup de gens qu’on ait des jeunes, des Noirs, des Arabes au gouvernement».

Le même, qui fut porte-parole du PS, a cependant critiqué la méthode de la jeune ministre, déplorant une réforme «très mal expliquée» et l’exhortant à rencontrer ceux qu’elle avait qualifiés de «pseudos intellectuels».

Les attaques sarkozystes ont semblé ressouder un camp socialiste qui avait paru hésitant, même si les deux têtes de l’exécutif ont soutenu la ministre. Ce qui a fait dire à Isabelle Le Callennec, porte-parole de l’UMP, que Najat Vallaud-Belkacem est «très protégée» alors qu’il y a «un enfermement dans les certitudes», qui «s’approche beaucoup» de «la police de la pensée».

Mais l’ancien ministre UMP de l’Éducation Luc Chatel s’est attaché à recadrer le débat -«je ne personnalise pas»- en réfutant un duel droite-gauche, citant des intellectuels critiques classés à gauche: Pierre Nora, Jacques Julliard…

Mardi, le PCF a été sévère contre un gouvernement qu’il accuse de vouloir «en finir avec l’ambition d’une scolarité commune».

Omniprésente dans les médias pour plaider sa cause, la ministre a-t-elle une marge de manœuvre? François Hollande a prévenu la semaine dernière qu’il serait «attentif aux programmes d’histoire» et à la «chronologie» au service du «récit national».

AFP