La France continue d’accueillir des immigrés à un rythme constant, mais ils sont de plus en plus nombreux à quitter le pays, selon une étude de l’Insee publiée mardi, qui révèle aussi une accélération des départs de Français.
L’analyse de l’Insee, rendue publique dans un contexte de crispations sur les questions migratoires et de montée du Front national face à la crise des réfugiés, se télescope avec l’actualité politique, avec le vote mardi après-midi du projet de loi sur le droit des étrangers par le Sénat, qui a nettement durci le texte en première lecture.
En 2006, quelque 193 000 immigrés étaient arrivés en France, contre 235.000 en 2013. Mais au chapitre des départs on est passé de 29 000 à 95 000, soit un triplement des départs sur la même période, souligne l’Institut de la statistique.
Cela signifie que le solde migratoire pour les personnes immigrées — nées étrangères à l’étranger — a baissé, passant de +164 000 en 2006 à +140 000 en 2013.
Comment expliquer ce résultat? Pour l’Insee, «les immigrés partent plus nombreux aux âges actifs». Les départs concernent en effet des étudiants à la fin de leur cursus ou des travailleurs «à l’issue d’une période d’emploi de quelques années», outre les retours au pays au moment de la retraite.
«L’accroissement de la mobilité professionnelle de courte durée, notamment intra-européenne, explique ce constat», ajoute l’institut, qui ne détaille pas les pays d’origine de l’immigration. Mais dans un document publié l’an dernier, l’Insee faisait déjà état d’une immigration «de plus en plus européenne».
«Près de la moitié des immigrés entrés en France en 2012 sont nés dans le continent contre un tiers dix ans auparavant», notait cette étude, avec une immigration européenne «majoritairement portugaise, britannique, espagnole, italienne ou allemande». Elle rappelait aussi le niveau constant de l’immigration vers la France entre 2004 et 2012, avec 200.000 entrées en moyenne chaque année.
En préambule de l’examen du projet de loi sur le droit des étrangers, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait appelé à ce que le débat «s’apaise» sur ces questions, en réfutant l’idée d’une «explosion de l’immigration légale», seuls 200 000 titres de séjour étant délivrés chaque année, soit 0,3% de la population.
Davantage de Français partent
De même, il est difficile de parler d’afflux de réfugiés sur la France, qui table sur une demande d’asile à peu près stable cette année, a contre-courant de l’Allemagne ou de la Suède qui croulent sous les dossiers.
L’augmentation des flux migratoires, note l’Insee, n’est pas spécifique à la France. Mais «la situation diffère selon les pays» puisque «le solde migratoire de l’Allemagne augmente fortement» tandis que «celui de l’Espagne devient négatif».
Au total, le solde migratoire de la France s’est ainsi établi à +33 000 personnes en 2013, alors qu’il était encore de +112 000 en 2006, selon l’Insee qui parle d’un «faible solde migratoire de l’ensemble de la population».
Pour avoir une vision complète de la situation migratoire, il faut ajouter aux immigrés les personnes nées françaises à l’étranger et les personnes nées en France.
Or sur cette période les Français ont été de plus en plus nombreux à quitter la France (197 000 en 2013, contre 138 000 en 2006), tandis que les retours variaient peu (autour de 77.000), souligne l’Insee.
C’est l’autre grand enseignement de cette étude: pour la seule catégorie des personnes nées en France, le solde migratoire est négatif et il a doublé, passant à de -60.000 en 2006 à -120.000 en 2013.
Logiquement, les départs concernent surtout les jeunes: 80% ont entre 18 et 29 ans en 2013, soit des «âges d’études ou de début d’activité», selon l’Insee, qui précise qu’un départ sur dix concerne un jeune de moins de 18 ans. Au chapitre des retours, la moitié des Français rentrant de l’étranger avaient entre 18 et 29 ans.
Les immigrés représentaient 8,9% de la population au 1er janvier 2014.
AFP/M.R.
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