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David Vandenbroeck (FCD03) : « On a déjà brûlé ma voiture à cause du foot »


David Vandenbroeck est le nouveau patron défensif de Differdange. Et parler de ce statut avec lui, c'est s'immerger dans une vision. (photo Tageblatt / Marcel Nickels)

Recruté spécifiquement parce qu’il manquait un taulier au FCD03 pour assumer ses ambitions nationales, le défenseur central belge David Vandenbroeck  assume parfaitement d’être venu pour diriger une équipe. Et le revendique. Interview coup-de-poing.

Le Quotidien : Toute la Division nationale bruisse de votre acclimatation éclair dans l’axe de la défense differdangeoise.

David Vandenbroeck  : Ah bon? Je ne sais pas. Je n’ai pas eu accès à la presse luxembourgeoise, mais je vais commencer à l’acheter  : ma famille a toujours collectionné les articles me concernant depuis le début de ma carrière.

Tout le monde vous y présente comme le patron qui faisait tant défaut à cette équipe depuis l’arrêt de Jean-Philippe Caillet.

On m’a transféré pour ça. Même si dans un vestiaire, le terme patron peut être très mal interprété. J’ai en tout cas expliqué au président Bei et à Jean-Philippe que je n’étais pas du genre à passer mon temps à taper du poing sur la table. D’ailleurs, je n’aime pas trop ce terme de patron. Mais j’ai 30  ans, 130  matches de D1, 250  matches de D2 et à chaque fois que je me suis retrouvé en position délicate dans un club, je me suis toujours arrangé pour jouer.

Les dirigeants differdangeois l’ont formulé comme ça, quand ils vous ont approché? Ils vous ont dit : « On cherche un patron »? C’était quoi leur cahier des charges?

Avant de rentrer dans ce vestiaire, je connaissais déjà tout le monde. Tous les joueurs. Individuellement. Avant d’être présenté à la presse, j’avais déjà fait deux fois le déplacement en plus des nombreux échanges téléphoniques et par courriel. À chaque fois, j’étais resté deux heures et demie, trois heures. On a parlé de l’histoire du club, de l’environnement et des joueurs, bien sûr. On m’a expliqué ceux avec lesquels j’aurais des problèmes –  et ça s’est confirmé  – et ceux avec lesquels tout irait bien au niveau de l’attitude.

Ils vous avaient dressé quel tableau de la situation sportive de l’équipe?

Ils m’ont expliqué que la défense était un peu en perdition, avec des problèmes de base tactique.

Mais… c’est le genre de souci qu’on expose à un coach. Pas à un joueur. On vous a confié l’équivalent de deux boulots, là.

Vu comme ça, expliqué comme ça, on peut se dire que c’est un peu comme un deuxième job. Mais dans le monde pro, c’est comme ça que ça fonctionne. Moi, on m’a expliqué qu’il y avait un énorme chantier défensif à réaliser. Differdange prenait des buts bêtes, avait des problèmes de reconversion, manquait de rigueur sur les phases arrêtées… On a bossé un mois et demi avant la reprise, cela m’a permis de jauger les gars, leur style, et essayer de leur expliquer l’une et l’autre règle qui sont importantes à mes yeux.

Exemple!

Exemple  : Siebenaler, c’est un très bon. J’aime sa mentalité de soldat capable de se jeter tête la première au milieu des pieds de cinq adversaires. Il a une vraie conscience professionnelle au fond de lui et comme Franzoni ou Martin, il sait écouter. Mais il doit, comme eux, être constamment coaché, sinon les imperfections s’installent et cela crée des brèches. Je lui ai dit qu’il devait toujours accompagner les contres adverses jusqu’à la surface de réparation et ne jamais couper avant.

Avant il avait tendance à s’arrêter, à jouer le hors-jeu. je lui ai même montrer la vidéo d’un but lors d’Olympiakos – Anderlecht, la semaine passée en Europa League, où un joueur grec s’arrête pour tenter l’interception… mais pas son coéquipier. Et ça fait but. J’ai toujours appris ça comme ça dans ma carrière, et hier (NDLR  : dimanche), contre Mondorf, il l’a fait à la perfection.

Bref, vous faites aussi du coaching. Ça ne risque pas d’empiéter sur vos performances de joueur?

Bien sûr que ça peut se comparer à du coaching, mais ma femme m’a déjà fait la réflexion récemment. En Belgique, quand il y a 10  000  personnes au stade, on n’entend pas qui parle ou pas. Alors là, forcément, quand je replace sur le terrain, ça se voit et ça s’entend plus. Mais j’ai toujours fait ça. Je n’ai pas commencé ici. J’ai toujours eu cette facilité de langage pendant les rencontres et cela ne m’a jamais empêché de me concentrer sur mes propres tâches. Je trouve ça logique d’aider son coéquipier à se positionner, surtout quand ça peut m’éviter justement à moi-même de me retrouver en galère.

Vous aurez un destin tout tracé une fois que vous mettrez votre carrière de joueur en sommeil.

Mais j’ai déjà mes diplômes d’entraîneur!

Comment avez-vous fait ça?

J’ai dû me faire opérer d’une pubalgie pendant ma carrière et la fédération belge nous donne des facilités, quand on a dépassé les 100  matches de D1, pour suivre des formations accélérées. Alors je l’ai faite. Enfin, je l’ai commencée, et comme j’étais déjà bien avancé, je l’ai finie. Du coup, j’ai le diplôme UEFA A. Je ne peux pas encore passer le pro parce qu’il faut avoir entraîné deux ans pour pouvoir s’inscrire.

Mais je pourrais déjà entraîner en D2 belge. J’ai d’ailleurs donné quelques entraînements du côté de Tubize pendant mes stages. Ces cours, en tout cas, m’ont aidé dans mon style de jeu.

Vous ferez un jeune entraîneur?

Je ne sais pas. J’ai aussi un diplôme de marketing. J’ai toujours voulu avoir un maximum de bagages avec moi pour aborder l’avenir, et en ce moment, j’ai tellement de choses en tête…

À votre contact, qu’est-ce qui a évolué dans la logique défensive de Differdange?

Disons qu’on n’a pas été mis en danger en contre sur les deux matches de reprise. Cela veut dire que mon message est passé et c’est très valorisant. Et puis sur phases arrêtées, on jouait une pure zone alors que maintenant, on y a mis un peu d’individuel, parce que certains n’étaient pas assez concentrés au marquage.

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Obnubilé par la défense, Vandenbroeck trouve encore le temps d’attaquer. (photo Julien Garroy)

Finalement, même si c’est assez logique, on se dit que vous pourriez vous flatter d’avoir déjà participé à trois buts (une réalisation et deux passes décisives) sur les sept inscrits par le FCD03 en 2016, mais le fait d’avoir une défense encore invaincue vous plaît bien plus encore, non?

Ah, mais c’est pour ça que je suis venu! Pour ne pas prendre de but. Julien Weber n’a eu aucun ballon à négocier contre le RFCU. En sortant du match, il m’a dit : « Je n’ai jamais eu aussi froid de ma vie ». En fait, en deux fois 90  minutes, il n’a encore pas eu un seul arrêt de grande classe à effectuer et ce doit être une satisfaction pour tous. Oui, parce que je demande aussi aux attaquants et aux ailiers d’aider. Peut-être que cette idée ne plaît pas à tout le monde, mais cela permet de te rassurer.

Vous étiez rassuré à 0-0 contre Mondorf, à la mi-temps, après une première période plus que poussive?

J’ai vu Jean-Philippe et le président arriver dans le vestiaire. Je me suis dit  : « Ils vont nous éclater », et non, rien. Parce qu’ils savent aussi que les équipes du top 6, ici, visiblement, doivent surtout se préoccuper de savoir comment marquer un but à des équipes extrêmement regroupées avec un seul attaquant.

Beaucoup de suiveurs du FCD03 disent qu’ils ont trouvé un nouveau Jean-Philippe Caillet. Vous validez?

Bah, je pense évidemment que c’est ce qui lui a plu dans mon profil. Là où je remarque qu’on se ressemble, c’est qu’en général, quand je commence une phrase, il la finit. Et inversement. Lui et moi, on se comprend naturellement. Alors oui, on peut dire que je suis un Caillet bis. Quand on cherche un patron pour un club et que c’est justement vous qui venez de prendre votre retraite et qu’il faut remplacer, c’est logique qu’on cherche un profil similaire au vôtre, non?

Comment a été votre premier contact?

Les soirs de match à Louvain, pour ne pas avoir à rentrer à Arlon, je dormais régulièrement chez mon coéquipier Yohan Croizet, dont il gère la carrière. Je l’y croisais des fois, je ne connaissais même pas son prénom et il lui arrivait de me dire que j’avais fait une prestation solide.

En général, à Differdange, un joueur est guetté sur le derby. Vous ne ferez sûrement pas exception à la règle.

Je passe devant leur stade tous les jours. Il y a un gros logo du FCD03 sur ma voiture et il m’arrive de me demander si je ne vais pas prendre des pierres ( il rit ). D’ailleurs, on m’a déjà brûlé ma voiture une fois à cause du football.

Racontez-nous ça!

En tout cas, la police m’a expliqué qu’il s’agissait très vraisemblablement de ça. Je venais de signer à Courtrai et j’habitais encore à Zulte-Waregem. Ma voiture était garée sur un parking et quand je l’ai retrouvée, elle était complètement carbonisée. Heureusement, j’étais bien assuré… Sinon, je vais retrouver Pino Rossini (NDLR  : ancien coéquipier à Louvain) lors de ce derby. On se croise des fois sur l’autoroute, pendant que lui rentre sur Charleroi. Ça nous fait bien rire…

Julien Mollereau