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[Coupe de Luxembourg] Un Differdange-Jeunesse plein d’ennui


Corral a un peu embêté l'arrière-garde differdangeoise, dont Jänisch, auteur de la passe décisive sur l'ouverture du score. (Photo Julien Garroy)

Dans un match d’un ennui consenti (le deuxième en une semaine pour le FCD03), Differdange a fait valoir la logique, se qualifiant pour les 8e (2-0). L’objectif prévalait sur tout le reste…

Plus le temps passe, plus il semble évident que la réussite de la saison de Differdange, aux talons du Fola et du F91 en championnat, qualifié pour les 8e en Coupe, se jouera à l’extérieur. Le FCD03 maîtrise en effet trop son sujet à la maison pour qu’on vienne l’y chatouiller : invaincu depuis 18 rencontres – Europa League comprise – au coup d’envoi, il n’a encaissé que cinq buts sur ses douze derniers matches au Parc des sports d’Oberkorn, finissant 66 % de ses oppositions sans aller chercher le ballon au fond de ses filets. S’esquisse à l’heure actuelle une nouvelle identité d’équilibre défensif avant toute chose pour cette équipe : même sans être excitante elle gagne, en concédant notamment très peu de buts et même d’occasions. C’est vrai en championnat, c’est vrai en Coupe.

Alors oui, il arrive que ce soit parfois ennuyeux. Et cela aussi, c’est vrai dans les deux compétitions. Longtemps ronronnant, mais meilleur que le F91 (0-0), le groupe de Pascal Carzaniga n’a concédé que le strict minimum au champion en titre une semaine plus tôt, lors de la 9e journée de DN. Dimanche, face à la Jeunesse et dans un match couperet cette fois, on ne pourra pas dire qu’on ait grimpé aux rideaux non plus, mais le résultat est le même : Differdange n’a pas pris de but. Et en sept jours, il a évité de se faire décrocher dans la course au titre, avant de surmonter un obstacle majeur dans la reconquête de sa vieille maîtresse, la Coupe de Luxembourg. Le job est fait.

Et puisqu’on lui concède désormais une bonne dose de cynisme, citons ce double fait de jeu qui marque une différence fondamentale entre une équipe forte de certitudes construites dans la durée et une autre (c’est de la Jeunesse dont on parle) qui a fait du manque de réussite une constante de son mois de novembre : à la 30e minute, Stumpf devance Vandenbroeck de la tête. Dans son dos, Corral jaillit et ouvre le score pour l’équipe eschoise… mais est signalé hors-jeu. Quatre minutes plus tard, un petit exploit d’Er Rafik (un petit pont sur Delgado) met la défense de la Vieille Dame en position délicate. Si Oberweis repousse le premier centre-tir de Franzoni, le deuxième ballon, signé Jänisch, trouve la tête piquée d’Almeida, seul au deuxième poteau (1-0, 34e).

Cinq minutes à peu près excitantes

La Jeunesse, de son côté, dispute le même genre de rencontre que son adversaire. Organisé, mais surtout pas débridé. Solide, mais sans génie (hormis celui d’Er Rafik). Tout est en place pour une saison raisonnablement bonne, mais rien ne semble capable de l’empêcher de déraper du mauvais côté si le hasard l’y pousse. Et justement, c’est vers ça que ses affaires commencent à l’amener tant la réussite la fuit.

Corral n’est pas loin de pouvoir réclamer un penalty (58e), et d’attraper la lucarne sur un ballon mal renvoyé par Fleurival à l’entrée de la surface (65e), mais c’est à ça que s’est bornée la révolte des gars de Carlo Weis, trop cérébraux, trop attentistes pour être sûrs de rester dans le coup. Tout s’est enflammé quelques secondes en fin de match grâce à un tir de Kühne repoussé par Schaab sur sa ligne (86e) et un genou involontaire de Portier au ras du poteau, sur corner (87e). Encore dans la foulée, Sinani s’en va seul au but, profitant de ce que tout le monde est focalisé sur un hors-jeu de position d’Er Rafik (qui fait action de jeu en bloquant un défenseur eschois). Oberweis l’accroche et Yéyé finit le boulot (2-0, 90+2).

Dimanche, il y avait moins de 800 spectateurs pour ce choc qui n’a pas tenu ses promesses, excepté celles de qualification pour Differdange. Il ne faudrait pas que les objectifs élevés (et pour l’heure scrupuleusement tenus) de Differdange lui fassent oublier qu’il a conquis un public fidèle grâce à ses fulgurances plus que par son sérieux…

Julien Mollereau

Carzaniga : « La Jeunesse n’a pas eu les couilles »

Pascal Carzaniga et ses joueurs ont trouvé la Jeunesse pas assez joueuse pour prétendre à quoi que ce soit.

Ça a un peu tiré dans tous les sens, dimanche soir, au coup de sifflet final. Parce que la Jeunesse était frustrée d’avoir perdu une rencontre sans avoir concédé énormément d’occasions de but (voire quasiment pas). Parce que Differdange était agacé qu’on puisse le lui faire remarquer, malgré sa prestation une nouvelle fois très très solide. «Je suis 100 % satisfait de notre très bon match, indiquait ainsi Carlo Weis. Differdange n’a eu qu’une chance dans tout le match, tandis que nous, on en a eu deux ou trois. On n’a pas la chance que, par exemple, la sélection a actuellement.»

La réflexion a eu le don d’irriter au plus haut point Pascal Carzaniga. Qui s’est fendu d’une réplique cinglante : «Nous, on a affronté en deuxième période une forteresse qui pensait peut-être qu’elle menait 0-3 alors qu’en fait, elle perdait 1-0.» Weis assume : «Je ne voulais pas ouvrir en deuxième période, au risque d’en prendre deux ou trois en contre. Je voulais conserver nos chances intactes jusqu’à la fin et ça a presque fonctionné.» C’est dans le «presque» que se niche la nuance. Et c’est là-dessus que Carzaniga a achevé sa démonstration, passablement remonté : «La vérité, c’est qu’en Coupe, pour passer un tour, il faut des couilles. Et la Jeunesse n’a pas eu les couilles. Je les ai trouvés sans…»

Une amabilité dont Emmanuel Lapierre n’avait pas encore pris connaissance au moment de défendre la stratégie de son équipe, immédiatement après la rencontre, lorsqu’il disait que la Jeunesse «voulait fonctionner comme ça. C’était la tactique du coach et elle a failli marcher.» Mais les joueurs des deux équipes seront aussi irréconciliables sur ce point que leur coach, puisque David Vandenbroeck s’étonnait lui aussi : «On a été surpris que la Jeunesse soit aussi attentiste en deuxième période, elle qui nous avait tellement embêtés en championnat…»