Les Dudelangeois sont les immenses favoris de ce rendez-vous. Mais l’euphorie mondorfoise peut renverser des montagnes.
Michel Leflochmoan vient d’une autre époque, pas si lointaine : la décennie d’avant. Avec lui, non seulement le F91 se qualifiait pour la finale de la Coupe, mais en plus, figurez-vous qu’il la remportait. Vous vous rappelez ? C’était notamment en 2006, 2007 et 2009, de grandes années de doublés, pour un total de trois Coupes en cinq saisons.
Depuis, Dudelange en a glané une en six éditions seulement et, surtout, a trouvé le moyen d’en perdre trois, toutes contre Differdange. Qui était une fois (2014) entraîné par… Leflochmoan.
Autant dire que le Monsieur connaît la recette que Dudelange a perdue. Avec lui, il y a de ça quelques années, ça ne rigolait pas au Barthel et dans des finales aux allures aussi déséquilibrées que celle de ce dimanche, son F91 ne laissait rien au hasard. Käerjeng s’en souvient notamment, lui qui avait été torpillé 5-0 en 2009. L’UNK, toutefois, n’a jamais trouvé matière à s’en plaindre : c’était un temps où le finaliste se qualifiait pour l’Europa League, un miracle que ne réalisera l’USM que si elle terrasse le tout frais champion du Luxembourg.
« C’est un match à 250 000 euros pour nous, c’est-à-dire le double de notre budget », s’extasie le trésorier du club, Éric Bosseler. C’est comme ça, quand on en arrive là et qu’on a la stature du club mondorfois, on a le droit de s’enthousiasmer autant pour la magnifique histoire sportive qu’il y a à écrire que pour les bénéfices comptables qu’il y a à en retirer.
Mondorf, de toute façon, a déjà gagné sur un point : l’engouement populaire. Mille cent neuf tickets vendus, mais aussi 351 maillots et t-shirts verts floqués pour l’évènement. Bref, l’euphorie est énorme mais Arno Bonvini ne le sent pas encore paralyser ses gars, qui ont vécu une semaine de travail très normale, rythmée par les tests peu concluants de joueurs désireux de rejoindre le club la saison prochaine.
Mondorf a bouclé son championnat en boulet de canon. Le seul petit hic pourrait résider dans le fait qu’il semble avoir connu son apogée il y a quelques semaines. L’influx est-il redescendu avec ce dernier match de championnat sans enjeu disputé à Rumelange? Ou au contraire, cette courte période un peu plus calme a-t-elle permis de recharger les batteries? C’est toute la question. Et la réponse ne tombera que ce dimanche en début de soirée.
Dudelange est-il cramé ?
Le thème est aussi un peu d’actualité du côté du F91. Bon, il n’y a pas eu vraiment de scènes de joie folles quand les Dudelangeois ont glané le titre de champion après leur terne match nul face à Wiltz (1-1), mais Dave Turpel et ses coéquipiers sont les champions 2016 et ont toutes les raisons d’être heureux. Le piège, pour eux, est d’oublier que sur un match, ils sont capables de se faire accrocher par n’importe qui. On jurerait que ces garçons-là, avec le degré de professionnalisme dont ils sont imbibés, ne tomberont pas dans ce piège.
Ils sont tous conscients que la dernière ligne droite du championnat a été poussive. C’est une alerte pour eux, puisqu’il n’y a pas eu de désastreuse conséquence, mais le fait que le F91 finisse la saison avec le même nombre de points que le Fola, alors qu’il l’a tenu très loin dans son rétroviseur pendant longtemps mérite de ne pas être oublié.
Le F91 n’a gagné aucun de ses quatre derniers matches de championnat et, en Coupe, il reste sur deux victoires après prolongations contre des équipes de Promotion d’honneur, Käerjeng et Pétange. D’où cette question : les Dudelangeois sont-ils cramés? La réponse, là encore, tombera ce dimanche, quand les feuilles de match seront connues.
Ce problème appartient à Michel Leflochmoan et il n’est pas si simple à régler : faut-il faire confiance aux hommes qui ont construit le titre toute la saison, mais ont fini sur les rotules? Ou faut-il injecter du sang frais avec des garçons talentueux, mais qui peuvent manquer de rythme? Cette problématique pourrait décider de beaucoup de choses.
Julien Mollereau